samedi 5 mars 2016

7 mars 1936 : la remilitarisation de la Rhénanie libère l’expansionnisme nazi.




Une des clauses du traité de Versailles était l’occupation de la Rhénanie, puis, après le retrait des troupes d’occupation (1930), l’interdiction pour l’Allemagne d’y stationner des troupes ou des matériels de guerre, afin de créer une zone « tampon », interdisant une attaque éclair à l’ouest.  L’effort de réarmement allemand nécessitait la sécurisation du bassin de la Ruhr essentiel à la production de guerre. En 1935, les allemands avaient déjà enfreint une clause essentielle du traité de Versailles en rétablissant la conscription nécessaire à la reconstitution d’une armée offensive. La remilitarisation de la Rhénanie permettait ensuite de réactiver les usines d’armement de la Ruhr et redonnait à l’Allemagne tout son potentiel offensif à l’Ouest. En face, l’unité des alliés de 1918 s’était effritée puis rompue après l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini, condamnée mais non sanctionnée, ce qui eut pour effet de rapprocher l’Italie de l’Allemagne. L’Angleterre, dont une partie de l’aristocratie était pro-nazie, à l’instar du roi Edouard VIII, fit comprendre à la France qu’elle ne participerait pas militairement à une attaque de l’Allemagne. Le gouvernement d’Albert Sarraut, faible par nature dans cette période d’instabilité politique était en outre en préparation des élections d’avril 1936 (qui allaient porter au pouvoir le front populaire) et redoutait les conséquences d’une intervention militaire. Il demanda néanmoins une mobilisation partielle. Le chef d’état major français était (hélas) le général Gamelin dont toute la conception stratégique était l’immobilisme défensif ; il n’avait préparé aucune intervention (alors que l’ambassadeur français à Berlin avait averti le gouvernement des projets d’Hitler et des généraux allemands) et il argumenta contre une offensive de réoccupation militaire.

Hitler et les généraux allemands avaient gagné ; ils purent réorganiser la rive gauche du Rhin en vue des offensives futures et lancer à plein régime les usines d’armement de la Ruhr. Surtout, ils eurent la confirmation de la faiblesse et de l’inertie des anciens alliés, qui allait se confirmer honteusement deux ans plus tard à Münich et permettre le déclenchement de l’apocalypse de la 2° guerre mondiale.