dimanche 22 février 2015


Pavie, 24 février 1525 : François 1° vaincu par lui-même.



En 1525, l’enjeu des guerres d’Italie s’était déplacé d’une revendication d’héritages, initiée par Charles VIII en 1494 à l’inauguration de la lutte française contre l’encerclement par l’empire Espagnol, qui ne s’achèvera qu’avec le traité des Pyrénées en 1659.

En 1521 la France avait attaqué simultanément aux Pays-Bas et en Navarre, échouant sur ces deux fronts et provoquant l’alliance anglo-espagnole. Après l’échec du siège de Marseille en septembre 1524 par Charles de Bourbon, rallié à Charles Quint, l’armée espagnole se replie vers l’Italie poursuivie par François 1° qui franchit les Alpes avec une armée de 40 000 hommes. L’armée espagnole en retraite est bousculée devant Milan déclarée ville ouverte après que la garnison s’était repliée devant l’avance française. Les maréchaux français Florange et La Palice qui voulaient poursuivre les espagnols en retraite vers Lodi sont arrêtés par ordre de François 1°, mal conseillé par Bonnivet, un ami d’enfance qu’il avait nommé commandant en chef mais qui n’avait pas de réelle compétence militaire, à la différence de ces deux maréchaux ainsi que des autres chefs français et alliés qui étaient tous d’avis de poursuivre et détruire les impériaux en continuant sur Lodi où la ville n’était pas en état de soutenir un siège. François 1° décide d’aller assiéger Pavie, l’ancienne capitale Lombarde, alors que cette ville est bien fortifiée et défendue par une solide garnison de 16 000 hommes sous les ordres d’un chef espagnol énergique, Antonio de Leyva. Le siège, commencé fin octobre va se poursuivre pendant 3 mois, tandis que les Espagnols reconstituent leur armée et reçoivent des renforts qui vont leur permettre de venir attaquer les Français retranchés dans un parc au Nord de Pavie. Malgré les conseils de ses maréchaux, et suivant toujours l’avis de Bonnivet, François 1° refuse de lever le siège. À l’aube du 24 février, les Espagnols ouvrent des brèches dans le mur d’enceinte qui protégeait le camp français, et attaquent en plusieurs endroits. L’attaque principale, qui avait pour but de faire jonction avec une sortie des assiégés, est prise de flanc par l’artillerie française qui fait des ravages. Voyant cela et pensant pouvoir parachever la victoire par une glorieuse charge, François 1° se met à la tête de la cavalerie lourde française et se précipite sur les espagnols, s’interposant entre eux et l’artillerie, qui doit cesser le tir. Les lourds cavaliers français se retrouvent encerclés par des arquebusiers à pied, beaucoup plus mobiles, qui font un carnage d’hommes et de chevaux. François 1°, un colosse pour l’époque, réussit à se relever après que son cheval a été abattu et se défend avec acharnement jusqu’à ce qu’il soit submergé par la masse des espagnols. C’est alors une déroute totale pour l’armée française qui perdra plus de 10 000 hommes, ses meilleurs chefs de guerre et toute son artillerie ; la responsabilité de ce désastre incombe à François 1° qui, mal conseillé par Bonnivet, a commis une première faute stratégique en n’exploitant pas son avantage initial devant Milan, une seconde en refusant de lever le siège de Pavie et une faute tactique lors de l’assaut espagnol en lançant sa charge sans avoir de vue générale de la bataille et en masquant son artillerie. Emprisonné un an à Madrid, il ne sera libéré qu’après de lourdes concessions territoriales et financières à Charles Quint mais reprendra la lutte dès 1526, et, après lui, son fils Henri II, jusqu’au traité du Cateau-Cambrésis qui consacrera l’hégémonie des Habsbourg (…et « rendra » la Corse à Gênes). 

vendredi 6 février 2015

15 février 1855 : le naufrage de la Sémillante




La Sémillante était une frégate de premier rang de la marine impériale construite en 1841. Surclassée par l’avènement des navires à vapeur, elle avait été affectée aux fonctions de transport de troupes et ravitaillement. Le 14 février, sous les ordres du commandant Jugan, elle avait quitté Toulon pour amener aux troupes coalisées qui affrontaient les Russes en Crimée des renforts en soldats et munitions. Outre l’équipage de près de 300 hommes, elle avait embarqué 400 fantassins destinés à renforcer le contingent Français. Le 15 février elle arriva à hauteur des Bouches de Bonifacio alors que sévissait une terrible tempête de Sud-Ouest. Le  Commandant du phare de la Testa, pointe Nord-Ouest de la Sardaigne, fut le dernier à voir le vaisseau, qu’il estima victime d’une avarie de barre, embouquer le détroit sous voilure réduite. On pense que le Commandant Jugan, marin expérimenté qui connaissait bien les parages, tentait ainsi de mettre son navire à l’abri en passant sous le vent de côte Sarde. La force de la tempête et la possible avarie de barre empêchèrent cette manœuvre désespérée, et poussée par des vents furieux dans une mer fumante d’écume,  la Sémillante vint se fracasser sur le rocher de l’Acharino, au Sud de l’archipel des Lavezzi. Il n’y eut aucun survivant et, sur les quelques 600 corps déchiquetés qui furent rejetés à la côte, seuls celui du commandant Jugan et de l’aumônier du bord purent être identifiés, par leurs insignes. Ce désastre humain reste présent dans la mémoire collective des Bonifaciens et de tous les marins. Il a donné aux Bouches de Bonifacio leur juste réputation de parage dangereux. En 1993 les gouvernements Italien et Français ont décidé d’interdire à leurs navires transportant des substances dangereuses d’emprunter le détroit mais cette décision ne s’appliquait pas aux navires d’autres nationalités. Depuis 2011, l’Organisation Maritime Internationale a classé les Bouches de Bonifacio en « zone maritime particulièrement vulnérable »  ce qui doit permettre de renforcer les mesures de contrôle des navires à cargaison dangereuse.