vendredi 6 février 2015

15 février 1855 : le naufrage de la Sémillante




La Sémillante était une frégate de premier rang de la marine impériale construite en 1841. Surclassée par l’avènement des navires à vapeur, elle avait été affectée aux fonctions de transport de troupes et ravitaillement. Le 14 février, sous les ordres du commandant Jugan, elle avait quitté Toulon pour amener aux troupes coalisées qui affrontaient les Russes en Crimée des renforts en soldats et munitions. Outre l’équipage de près de 300 hommes, elle avait embarqué 400 fantassins destinés à renforcer le contingent Français. Le 15 février elle arriva à hauteur des Bouches de Bonifacio alors que sévissait une terrible tempête de Sud-Ouest. Le  Commandant du phare de la Testa, pointe Nord-Ouest de la Sardaigne, fut le dernier à voir le vaisseau, qu’il estima victime d’une avarie de barre, embouquer le détroit sous voilure réduite. On pense que le Commandant Jugan, marin expérimenté qui connaissait bien les parages, tentait ainsi de mettre son navire à l’abri en passant sous le vent de côte Sarde. La force de la tempête et la possible avarie de barre empêchèrent cette manœuvre désespérée, et poussée par des vents furieux dans une mer fumante d’écume,  la Sémillante vint se fracasser sur le rocher de l’Acharino, au Sud de l’archipel des Lavezzi. Il n’y eut aucun survivant et, sur les quelques 600 corps déchiquetés qui furent rejetés à la côte, seuls celui du commandant Jugan et de l’aumônier du bord purent être identifiés, par leurs insignes. Ce désastre humain reste présent dans la mémoire collective des Bonifaciens et de tous les marins. Il a donné aux Bouches de Bonifacio leur juste réputation de parage dangereux. En 1993 les gouvernements Italien et Français ont décidé d’interdire à leurs navires transportant des substances dangereuses d’emprunter le détroit mais cette décision ne s’appliquait pas aux navires d’autres nationalités. Depuis 2011, l’Organisation Maritime Internationale a classé les Bouches de Bonifacio en « zone maritime particulièrement vulnérable »  ce qui doit permettre de renforcer les mesures de contrôle des navires à cargaison dangereuse.

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