15 février 1855 : le naufrage de la Sémillante
La Sémillante était une frégate
de premier rang de la marine impériale construite en 1841. Surclassée par l’avènement
des navires à vapeur, elle avait été affectée aux fonctions de transport de
troupes et ravitaillement. Le 14 février, sous les ordres du commandant Jugan,
elle avait quitté Toulon pour amener aux troupes coalisées qui affrontaient les
Russes en Crimée des renforts en soldats et munitions. Outre l’équipage de près
de 300 hommes, elle avait embarqué 400 fantassins destinés à renforcer le
contingent Français. Le 15 février elle arriva à hauteur des Bouches de Bonifacio
alors que sévissait une terrible tempête de Sud-Ouest. Le Commandant du phare de la Testa, pointe
Nord-Ouest de la Sardaigne, fut le dernier à voir le vaisseau, qu’il estima
victime d’une avarie de barre, embouquer le détroit sous voilure réduite. On
pense que le Commandant Jugan, marin expérimenté qui connaissait bien les
parages, tentait ainsi de mettre son navire à l’abri en passant sous le vent de
côte Sarde. La force de la tempête et la possible avarie de barre empêchèrent
cette manœuvre désespérée, et poussée par des vents furieux dans une mer
fumante d’écume, la Sémillante vint se
fracasser sur le rocher de l’Acharino, au Sud de l’archipel des Lavezzi. Il n’y
eut aucun survivant et, sur les quelques 600 corps déchiquetés qui furent
rejetés à la côte, seuls celui du commandant Jugan et de l’aumônier du bord
purent être identifiés, par leurs insignes. Ce désastre humain reste présent dans
la mémoire collective des Bonifaciens et de tous les marins. Il a donné aux
Bouches de Bonifacio leur juste réputation de parage dangereux. En 1993 les
gouvernements Italien et Français ont décidé d’interdire à leurs navires
transportant des substances dangereuses d’emprunter le détroit mais cette
décision ne s’appliquait pas aux navires d’autres nationalités. Depuis 2011, l’Organisation
Maritime Internationale a classé les Bouches de Bonifacio en « zone
maritime particulièrement vulnérable »
ce qui doit permettre de renforcer les mesures de contrôle des navires à
cargaison dangereuse.
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