Pavie, 24 février 1525 : François 1° vaincu par lui-même.
En 1525, l’enjeu des guerres
d’Italie s’était déplacé d’une revendication d’héritages, initiée par Charles
VIII en 1494 à l’inauguration de la lutte française contre l’encerclement par
l’empire Espagnol, qui ne s’achèvera qu’avec le traité des Pyrénées en 1659.
En 1521 la France avait attaqué
simultanément aux Pays-Bas et en Navarre, échouant sur ces deux fronts et provoquant
l’alliance anglo-espagnole. Après l’échec du siège de Marseille en septembre 1524
par Charles de Bourbon, rallié à Charles Quint, l’armée espagnole se replie
vers l’Italie poursuivie par François 1° qui franchit les Alpes avec une armée
de 40 000 hommes. L’armée espagnole en retraite est bousculée devant Milan
déclarée ville ouverte après que la garnison s’était repliée devant l’avance
française. Les maréchaux français Florange et La Palice qui voulaient
poursuivre les espagnols en retraite vers Lodi sont arrêtés par ordre de
François 1°, mal conseillé par Bonnivet, un ami d’enfance qu’il avait nommé
commandant en chef mais qui n’avait pas de réelle compétence militaire, à la
différence de ces deux maréchaux ainsi que des autres chefs français et alliés qui
étaient tous d’avis de poursuivre et détruire les impériaux en continuant sur
Lodi où la ville n’était pas en état de soutenir un siège. François 1° décide
d’aller assiéger Pavie, l’ancienne capitale Lombarde, alors que cette ville est
bien fortifiée et défendue par une solide garnison de 16 000 hommes sous
les ordres d’un chef espagnol énergique, Antonio de Leyva. Le siège, commencé
fin octobre va se poursuivre pendant 3 mois, tandis que les Espagnols
reconstituent leur armée et reçoivent des renforts qui vont leur permettre de
venir attaquer les Français retranchés dans un parc au Nord de Pavie. Malgré
les conseils de ses maréchaux, et suivant toujours l’avis de Bonnivet, François
1° refuse de lever le siège. À l’aube du 24 février, les Espagnols ouvrent des
brèches dans le mur d’enceinte qui protégeait le camp français, et attaquent en
plusieurs endroits. L’attaque principale, qui avait pour but de faire jonction
avec une sortie des assiégés, est prise de flanc par l’artillerie française qui
fait des ravages. Voyant cela et pensant pouvoir parachever la victoire par une
glorieuse charge, François 1° se met à la tête de la cavalerie lourde française
et se précipite sur les espagnols, s’interposant entre eux et l’artillerie, qui
doit cesser le tir. Les lourds cavaliers français se retrouvent encerclés par
des arquebusiers à pied, beaucoup plus mobiles, qui font un carnage d’hommes et
de chevaux. François 1°, un colosse pour l’époque, réussit à se relever après
que son cheval a été abattu et se défend avec acharnement jusqu’à ce qu’il soit
submergé par la masse des espagnols. C’est alors une déroute totale pour
l’armée française qui perdra plus de 10 000 hommes, ses meilleurs chefs de
guerre et toute son artillerie ; la responsabilité de ce désastre incombe
à François 1° qui, mal conseillé par Bonnivet, a commis une première faute stratégique
en n’exploitant pas son avantage initial devant Milan, une seconde en refusant
de lever le siège de Pavie et une faute tactique lors de l’assaut espagnol en
lançant sa charge sans avoir de vue générale de la bataille et en masquant son
artillerie. Emprisonné un an à Madrid, il ne sera libéré qu’après de lourdes
concessions territoriales et financières à Charles Quint mais reprendra la
lutte dès 1526, et, après lui, son fils Henri II, jusqu’au traité du Cateau-Cambrésis
qui consacrera l’hégémonie des Habsbourg (…et « rendra » la Corse à
Gênes).
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