samedi 16 mai 2015

18 mai 1565 : début du Grand Siège de Malte, 

« Verdun » du XVI° siècle »


Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem chassés de l’île de Rhodes par les Turcs de Soliman le Magnifique avaient reçu de Charles Quint la souveraineté de l’île de Malte, idéalement placée entre la Sicile et la Tunisie pour mener la guerre de course contre les navires ottomans et verrouiller l’accès de la Méditerranée occidentale.  Ils s’installèrent dans la rade naturelle de Marsa, séparée en deux par la presqu’île de Xiberras et édifièrent les fortifications de la cité de Birgu et le fort Saint-Mic hel de part et d’autre du port naturel où ils abritèrent leurs galères.
Les Turcs ne pouvaient tolérer ce bastion avancé de la chrétienté qui nuisait à leurs entreprises commerciales et contrecarrait l’expansionnisme maritime ottoman. La flotte turque débarqua sur l’île 30 000 combattants, sous les ordres de Mustapha Pacha, et instaura un blocus de ses côtes par la flotte turque renforcée des corsaires barbaresques commandés par Dragut. Le grand Maître de l’ordre, Jean Parisot de La Valette, disposait de 600 chevaliers, de mercenaires et de miliciens maltais, pour un effectif de combattants d’environ 6 000 hommes mais pouvait compter sur le soutien de la population de Malte, très anciennement chrétienne.
Le fort Saint-Elme, isolé et attaqué sans relâche, fut pris après un mois de combats acharnés. Les défenseurs furent massacrés et mutilés et leur corps envoyés sur des radeaux vers la cité de Birgu ; en réponse, le grand Maître fit décapiter les prisonniers et expédier leur têtes par les canons de Saint-Ange dans les lignes turques. Le ton était donné ! Les deux mois suivants, les Turcs essayèrent par tous les moyens de forcer les défenses terrestres et côtières des deux bastions chrétiens de Birgu et Senglea qui se portaient mutuellement assistance par un ponton jeté en travers de la baie dont l’accès était barré par une chaîne, tandis que le débarquement sur la côte était empêché par des pieux reliés par des chaînes. Les Turcs envoyèrent des soldats équipés de haches détruire ces piquets mais ils furent interceptés et tués par des Maltais, habiles nageurs armés de couteaux dans de féroces combats nautiques. Fin août, les fortifications chrétiennes étaient très endommagées et leurs défenseurs épuisés. La chute paraissait proche mais les forces turques étaient également très diminuées. Quand arriva enfin, début septembre, une armée de secours levée en Sicile, les Turcs commencèrent à rembarquer leur armée, mais informés de la faiblesse des effectifs de l’armée de secours, décidèrent finalement de l’attaquer. Bien que supérieurs en nombre, les Turcs, démoralisés par 3 mois de combats infructueux furent mis en déroute par les Tercios Espagnols. Seuls 10 000 survivants purent rembarquer et regagner Constantinople.

Cet échec des Turcs de Soliman eut un grand retentissement dans toute la chrétienté et les dons affluèrent de toute l’Europe, qui permirent de relever les fortifications et de construire une nouvelle cité fortifiée dans la presqu’ïle de Xiberras. Elle prendra le nom de La Valette en hommage au grand Maître victorieux. Les projets turcs de revanche seront définitivement abandonnés après Lépante.

jeudi 14 mai 2015

11 mai 1745 : la victoire de Fontenoy livre les Pays-Bas autrichiens à la France … qui les rendra.




La guerre de succession d’Autriche opposa, de 1740 à 1748, l’Autriche, alliée à l’Angleterre et à la Hollande, à la Prusse à qui s’allia la France, toujours soucieuse de contrecarrer l’encerclement  espagnol de l’empire des Habsbourg.  Au printemps 1745 l’armée française sous les ordres de Maurice de Saxe envahit la Flandre, possession autrichienne correspondant à peu près à l’actuelle Belgique, et vient assiéger Tournai, place forte sur l’Escaut verrouillant la route vers Bruges, Gand et Mons. Une armée de secours anglo-hollandaise, conduite par le Duc William de Cumberland frère du roi d’Angleterre se dirige alors vers Tournai pour prendre à revers les français. Saxe, anticipant la manœuvre anglaise, vient établir une ligne de défense sur la rive droite de l’Escaut, à hauteur de la ville de Fontenoy, où  il fait construire de solides retranchements et plusieurs redoutes dont l’une s’appuie sur un bois en face de Fontenoy, la redoute d’Eu. L’armée alliée se met en position face aux défenses françaises et tente de neutraliser  ces défenses, par une attaque anglaise sur la redoute d’Eu et un assaut hollandais sur Fontenoy. L’une et l’autre échouent contre le feu d’artillerie et d’infanterie des français. Cumberland décide alors d’exploiter sa supériorité numérique et masse le plus gros de ses forces en une large colonne d’infanterie et d’artillerie dirigée sur le centre français. Malgré les ravages de l’artillerie des redoutes sur les flancs de cette colonne, celle-ci progresse inexorablement et enfonce le centre français sur plusieurs centaines de mètres. Cependant, malgré la peur qui s’empare d’une partie des dignitaires français qui entourent le Roi et le Dauphin, venus assister à la bataille pour  exalter l’ardeur des combattants, Saxe refuse de se replier et désorganise la progression de la colonne alliée par des assauts de cavalerie sur ses flancs, qui la contraignent à  se former en carré ce qui permet la réorganisation des lignes françaises et la reprise d’un feu meurtrier sur les 3 côté anglais exposés. Les alliés doivent se replier après de très lourdes pertes, estimées à 10 000 hommes dont 2 500 morts. Les français déplorent à peu près autant de morts et de blessés mais restent maîtres du terrain, ce qui permettra la chute de Tournai, puis la conquête de l’ensemble des villes et des ports de Flandre. Cependant, 3 ans plus tard, la paix sera conclue et Louis XV ne voulant pas créer une situation de guerre perpétuelle en conservant les Pays-Bas, ce que n’auraient jamais toléré les Anglais et les Habsbourg, rendra  ses conquêtes à l’Autriche. Seul Frédéric II de Prusse qui avait déclenché le conflit en envahissant la Silésie, conservera cette prise de guerre, ce qui vaudra à Louis XV la furieuse ironie des combattants et du peuple français qui se seront battus « pour le roi de Prusse », expression demeurée fameuse avec son corollaire « bête comme la paix ». Pourtant Louis XV avait fait preuve de plus de sagesse que son aïeul Louis XIV dont les guerres de conquête et l’acceptation de la succession d’Espagne avaient saigné la France par 40 ans de conflits. Au soir de la bataille de Fontenoy, il admonesta le Dauphin qui se réjouissait bruyamment de la victoire en lui disant « Le sang de nos ennemis est aussi le sang des hommes. La vraie gloire est de l’épargner ».