11 mai 1745 : la victoire de Fontenoy livre les Pays-Bas autrichiens à la France … qui les rendra.
La guerre de succession
d’Autriche opposa, de 1740 à 1748, l’Autriche, alliée à l’Angleterre et à la
Hollande, à la Prusse à qui s’allia la France, toujours soucieuse de
contrecarrer l’encerclement espagnol de
l’empire des Habsbourg. Au printemps 1745
l’armée française sous les ordres de Maurice de Saxe envahit la Flandre,
possession autrichienne correspondant à peu près à l’actuelle Belgique, et
vient assiéger Tournai, place forte sur l’Escaut verrouillant la route vers
Bruges, Gand et Mons. Une armée de secours anglo-hollandaise, conduite par le
Duc William de Cumberland frère du roi d’Angleterre se dirige alors vers
Tournai pour prendre à revers les français. Saxe, anticipant la manœuvre
anglaise, vient établir une ligne de défense sur la rive droite de l’Escaut, à
hauteur de la ville de Fontenoy, où il
fait construire de solides retranchements et plusieurs redoutes dont l’une
s’appuie sur un bois en face de Fontenoy, la redoute d’Eu. L’armée alliée se
met en position face aux défenses françaises et tente de neutraliser ces défenses, par une attaque anglaise sur la
redoute d’Eu et un assaut hollandais sur Fontenoy. L’une et l’autre échouent
contre le feu d’artillerie et d’infanterie des français. Cumberland décide
alors d’exploiter sa supériorité numérique et masse le plus gros de ses forces
en une large colonne d’infanterie et d’artillerie dirigée sur le centre
français. Malgré les ravages de l’artillerie des redoutes sur les flancs de
cette colonne, celle-ci progresse inexorablement et enfonce le centre français
sur plusieurs centaines de mètres. Cependant, malgré la peur qui s’empare d’une
partie des dignitaires français qui entourent le Roi et le Dauphin, venus
assister à la bataille pour exalter
l’ardeur des combattants, Saxe refuse de se replier et désorganise la
progression de la colonne alliée par des assauts de cavalerie sur ses flancs,
qui la contraignent à se former en carré
ce qui permet la réorganisation des lignes françaises et la reprise d’un feu
meurtrier sur les 3 côté anglais exposés. Les alliés doivent se replier après
de très lourdes pertes, estimées à 10 000 hommes dont 2 500 morts.
Les français déplorent à peu près autant de morts et de blessés mais restent
maîtres du terrain, ce qui permettra la chute de Tournai, puis la conquête de
l’ensemble des villes et des ports de Flandre. Cependant, 3 ans plus tard, la
paix sera conclue et Louis XV ne voulant pas créer une situation de guerre perpétuelle
en conservant les Pays-Bas, ce que n’auraient jamais toléré les Anglais et les
Habsbourg, rendra ses conquêtes à
l’Autriche. Seul Frédéric II de Prusse qui avait déclenché le conflit en
envahissant la Silésie, conservera cette prise de guerre, ce qui vaudra à Louis
XV la furieuse ironie des combattants et du peuple français qui se seront
battus « pour le roi de Prusse », expression demeurée fameuse avec
son corollaire « bête comme la paix ». Pourtant Louis XV avait fait
preuve de plus de sagesse que son aïeul Louis XIV dont les guerres de conquête
et l’acceptation de la succession d’Espagne avaient saigné la France par 40 ans
de conflits. Au soir de la bataille de Fontenoy, il admonesta le Dauphin qui se
réjouissait bruyamment de la victoire en lui disant « Le sang de nos
ennemis est aussi le sang des hommes. La vraie gloire est de l’épargner ».
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