18 mai 1565 : début du Grand Siège de Malte,
« Verdun » du XVI° siècle »
Les chevaliers de
Saint-Jean-de-Jérusalem chassés de l’île de Rhodes par les Turcs de Soliman le
Magnifique avaient reçu de Charles Quint la souveraineté de l’île de Malte,
idéalement placée entre la Sicile et la Tunisie pour mener la guerre de course
contre les navires ottomans et verrouiller l’accès de la Méditerranée
occidentale. Ils s’installèrent dans la rade
naturelle de Marsa, séparée en deux par la presqu’île de Xiberras et édifièrent
les fortifications de la cité de Birgu et le fort Saint-Mic hel de part et d’autre
du port naturel où ils abritèrent leurs galères.
Les Turcs ne pouvaient tolérer ce
bastion avancé de la chrétienté qui nuisait à leurs entreprises commerciales et
contrecarrait l’expansionnisme maritime ottoman. La flotte turque débarqua sur
l’île 30 000 combattants, sous les ordres de Mustapha Pacha, et instaura
un blocus de ses côtes par la flotte turque renforcée des corsaires barbaresques
commandés par Dragut. Le grand Maître de l’ordre, Jean Parisot de La Valette,
disposait de 600 chevaliers, de mercenaires et de miliciens maltais, pour un
effectif de combattants d’environ 6 000 hommes mais pouvait compter sur le
soutien de la population de Malte, très anciennement chrétienne.
Le fort Saint-Elme, isolé et attaqué
sans relâche, fut pris après un mois de combats acharnés. Les défenseurs furent
massacrés et mutilés et leur corps envoyés sur des radeaux vers la cité de
Birgu ; en réponse, le grand Maître fit décapiter les prisonniers et
expédier leur têtes par les canons de Saint-Ange dans les lignes turques. Le
ton était donné ! Les deux mois suivants, les Turcs essayèrent par tous
les moyens de forcer les défenses terrestres et côtières des deux bastions
chrétiens de Birgu et Senglea qui se portaient mutuellement assistance par un
ponton jeté en travers de la baie dont l’accès était barré par une chaîne,
tandis que le débarquement sur la côte était empêché par des pieux reliés par
des chaînes. Les Turcs envoyèrent des soldats équipés de haches détruire ces
piquets mais ils furent interceptés et tués par des Maltais, habiles nageurs
armés de couteaux dans de féroces combats nautiques. Fin août, les
fortifications chrétiennes étaient très endommagées et leurs défenseurs épuisés.
La chute paraissait proche mais les forces turques étaient également très
diminuées. Quand arriva enfin, début septembre, une armée de secours levée en
Sicile, les Turcs commencèrent à rembarquer leur armée, mais informés de la
faiblesse des effectifs de l’armée de secours, décidèrent finalement de l’attaquer.
Bien que supérieurs en nombre, les Turcs, démoralisés par 3 mois de combats infructueux
furent mis en déroute par les Tercios Espagnols. Seuls 10 000 survivants
purent rembarquer et regagner Constantinople.
Cet échec des Turcs de Soliman
eut un grand retentissement dans toute la chrétienté et les dons affluèrent de
toute l’Europe, qui permirent de relever les fortifications et de construire
une nouvelle cité fortifiée dans la presqu’ïle de Xiberras. Elle prendra le nom
de La Valette en hommage au grand Maître victorieux. Les projets turcs de
revanche seront définitivement abandonnés après Lépante.
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