dimanche 3 juillet 2016


4 juillet 1776 : Déclaration unanime d’Indépendance des treize États-Unis d’Amérique



L’Angleterre avait été apparemment victorieuse à l’issue de la guerre de 7 ans, qui lui avait permis d’évincer la France de ses colonies, notamment en Amérique, mais elle en était sortie ruinée et avait décidé de se « payer sur la bête » en majorant les taxes  imposées à sa colonie américaine.
Ce regain brutal d’oppression fiscale, alors que les américains avaient été d’efficaces alliés dans la guerre avec la France (George Washington notamment s’était illustré lors de l’attaque sur Fort Duquesne), s’ajoutant aux multiples vexations que faisait subir l’Angleterre à ses citoyens américains, déclencha la rébellion en 1775. George Washington constitua une armée qui connut d’emblée quelques succès contre les troupes anglaises dispersées (notamment à Lexington en avril). Parallèlement les 13 états firent leur union politique et se réunirent en congrès à Philadelphie et élaborèrent la déclaration d’Indépendance, signée le 4 juillet : c’était la guerre ! Elle allait durer 7 ans et, grâce à l’aide décisive de la France, aboutir à la défaite de l’Angleterre, qui fut contrainte de reconnaître l’indépendance des États-Unis d’Amérique au traité de Paris le 3 septembre 1783.


7 juin 1916 : le fort de Vaux tombe après une défense héroïque



Fin mai 1916, la poussée offensive allemande est à son paroxysme pour tenter d’en finir avec la résistance française en faisant sauter les derniers verrous devant Verdun. Le fort de Vaux est maintenant en première ligne après la prise sans combat du fort de Douaumont par les allemands dès le début de l’offensive. Dégarni de son artillerie, il est défendu par une compagnie d’infanterie, une compagnie de mitrailleuses et un détachement du génie. Le Commandant Raynal, déjà deux fois grièvement blessé en 1914 et 1915, convalescent,  partiellement invalide, s’est porté volontaire pour un commandement de place forte et a pris le commandement du fort le 24 mai. Le fort, bombardé sans répit depuis début mars par des pièces lourdes allemandes, à raison de plusieurs milliers d’impacts par jour a subi de gros dégâts, mais ses installations souterraines sont intactes. Une division allemande s’élance à l’assaut après une colossale préparation d’artillerie. Pendant 6 jours des combats acharnés vont se dérouler dans les galeries du fort où les français ont dressé des chicanes de sacs de sables. Les allemands utilisent les lance-flammes et les gaz de combat sans parvenir à faire céder la résistance de la garnison. C’est la soif qui amènera les français à l’épuisement. La citerne souterraine a été fissurée par les ondes de choc des énormes obus de préparation et elle s’est vidée.  L’eau vient rapidement à manquer et la déshydratation, dans ces conditions effroyables, rend impossible la poursuite du combat. Le 7 juin au matin, le Commandant Raynal se résigne à la reddition et les restes des défenseurs du fort, titubant d’épuisement  sortent du fort au milieu des allemands impressionnés et silencieux. Le Kronprinz en personne recevra le Commandant Raynal et lui restituera symboliquement son sabre.
La dernière vague de la marée allemande viendra se briser au fort de Souville le 11 juillet. Le terrain et les forts perdus seront repris au cours de l’automne 1916.

L’effroyable massacre de la 1° guerre mondiale va hélas trouver un autre théâtre  avec l’offensive de la Somme qui fera encore plus de victimes dans les deux camps.

lundi 27 juin 2016

29 juin 1756 : Minorque prise aux Anglais


Albion avait commencé perfidement ce qui allait devenir la guerre de 7 ans, en attaquant sans déclaration de guerre les transports de troupe français vers le Canada et en saisissant les vaisseaux de commerce. Après avoir tenté de négocier, Louis XV décida de riposter en saisissant une possession anglaise en Méditerranée, l’île de Minorque.

L’expédition préparée en grand secret à Toulon permit, le 20 avril, le débarquement des troupes du duc de Richelieu, protégées par l’escadre de l’Amiral La Galissonière. L’amirauté anglaise confia à l’amiral Byng la tâche d’amener des renforts sur l’île et de détruire la flotte française pour empêcher le ravitaillement des troupes débarquées. Le 20 mai, l’escadre de Byng affronta celle de La Galissonière dans un engagement indécis où les pertes en hommes furent faibles et quelques vaisseaux endommagés de part et d’autre. Néanmoins Byng décida de se replier, laissant de fait la victoire aux Français. Après un mois de siège le fort Saint-Philippe, clé de la défense de Port-Mahon tomba et les défenseurs Anglais furent reconduits à Gilbratar sur des bâtiments français. Entretemps Byng avait été rappelé à Londres où la défaite avait provoqué une énorme émotion ; il fut jugé et condamné à mort pour « ne pas avoir fait l’impossible », ce qui fit dire à Voltaire dans Candide : « dans ce pays on juge bon de  tuer de temps en temps un amiral pour encourager les autres ». L’île ne resta française que pendant la durée de la guerre, restituée aux Anglais en 1763 en échange de  Belle-Île-en-Mer, que les Anglais avaient occupée en 1761. Néanmoins les Minorquais devaient garder un bon souvenir de la brève occupation française et un grand nombre d’entre eux émigrèrent en Algérie lors de la conquête française. Plus anecdotiquement une sauce servie au duc de Richelieu pendant le siège de Port-Mahon, revint en France sous le nom de Mahonnaise et devint la mayonnaise.

lundi 11 avril 2016


13 avril 1436 : Paris libéré !



En septembre 1435, Charles VII avait réussi à détacher le Duc de Bourgogne, Jean le Bon,  de l’Angleterre par le  traité d’Arras. La reconquête du royaume pouvait commencer. La prise de Paris constituait un enjeu économique majeur et surtout le symbole du rétablissement du pouvoir royal légitime. L’encerclement de la ville, gouvernée par 4 évêques aux ordres des  anglais appuyés par une garnison anglaise commença sous les ordres du connétable de Richemond, par le Nord, l’Est et l’Ouest, tandis qu’approchait par le sud ouest une armée royale guidée par Villiers de l’Isle Adam, passé au service de Charles VII après avoir défendu Paris  avec les Bourguignons contre Jeanne d’Arc  7 ans plus tôt. Le 13 avril au matin, les partisans du roi conduits par le prévôt des marchands Michel de Laillier déclenchèrent l’insurrection en bombardant les soldats de la garnison anglaise de toutes sortes de projectiles depuis les fenêtres et les toits. Harcelés, les anglais se regroupèrent dans le château de la Bastide Saint Antoine qui défendait la porte du même nom et qui deviendrait plus tard la Bastille. L’armée royale dans le même temps s’était fait ouvrir la porte Saint-Jacques et entrait dans Paris. Le 15 avril les anglais obtenaient la vie sauve s’ils quittaient Paris, ce qu’ils s’empressèrent de faire sous les quolibets de la foule. Même si l’anglais ne serait définitivement « bouté hors de France » que 14 ans plus tard, après la bataille de Castillon, Charles VII n’était plus le « roi de Bourges » ; il retrouvait la légitimité qui allait lui permettre la reconstruction du royaume.

samedi 5 mars 2016

7 mars 1936 : la remilitarisation de la Rhénanie libère l’expansionnisme nazi.




Une des clauses du traité de Versailles était l’occupation de la Rhénanie, puis, après le retrait des troupes d’occupation (1930), l’interdiction pour l’Allemagne d’y stationner des troupes ou des matériels de guerre, afin de créer une zone « tampon », interdisant une attaque éclair à l’ouest.  L’effort de réarmement allemand nécessitait la sécurisation du bassin de la Ruhr essentiel à la production de guerre. En 1935, les allemands avaient déjà enfreint une clause essentielle du traité de Versailles en rétablissant la conscription nécessaire à la reconstitution d’une armée offensive. La remilitarisation de la Rhénanie permettait ensuite de réactiver les usines d’armement de la Ruhr et redonnait à l’Allemagne tout son potentiel offensif à l’Ouest. En face, l’unité des alliés de 1918 s’était effritée puis rompue après l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini, condamnée mais non sanctionnée, ce qui eut pour effet de rapprocher l’Italie de l’Allemagne. L’Angleterre, dont une partie de l’aristocratie était pro-nazie, à l’instar du roi Edouard VIII, fit comprendre à la France qu’elle ne participerait pas militairement à une attaque de l’Allemagne. Le gouvernement d’Albert Sarraut, faible par nature dans cette période d’instabilité politique était en outre en préparation des élections d’avril 1936 (qui allaient porter au pouvoir le front populaire) et redoutait les conséquences d’une intervention militaire. Il demanda néanmoins une mobilisation partielle. Le chef d’état major français était (hélas) le général Gamelin dont toute la conception stratégique était l’immobilisme défensif ; il n’avait préparé aucune intervention (alors que l’ambassadeur français à Berlin avait averti le gouvernement des projets d’Hitler et des généraux allemands) et il argumenta contre une offensive de réoccupation militaire.

Hitler et les généraux allemands avaient gagné ; ils purent réorganiser la rive gauche du Rhin en vue des offensives futures et lancer à plein régime les usines d’armement de la Ruhr. Surtout, ils eurent la confirmation de la faiblesse et de l’inertie des anciens alliés, qui allait se confirmer honteusement deux ans plus tard à Münich et permettre le déclenchement de l’apocalypse de la 2° guerre mondiale.

vendredi 26 février 2016

25 février 1916 : Douaumont ist gefallen !


4 jours après le début de leur offensive, les Allemands ont progressé de 4 km en direction de Verdun et arrivent en vue du fort de Douaumont ; ce fort gigantesque fait partie de la ceinture fortifiée de Verdun mise en place après la défaite de 1870. Établi sur le point culminant des côtes de Meuse, il domine tout le champ de bataille. Sa maçonnerie initiale a été renforcée d’une carapace de béton sur une épaisseur de 2,5 mètres, avec une couche de sable destinée à amortir les impacts directs d’artillerie lourde.  Il donne accès à des galeries souterraines totalement hors d’atteinte des pièces d’artillerie les plus puissantes. Cependant, c’est un tigre de papier : par un décret d’août 1915 tous les ouvrages fortifiés de l’Est  ont été déclassés, leurs pièces lourdes ont été récupérées pour préparer l’offensive de la Somme que Joffre espère capable de créer une rupture de front. Dans le fort désarmé, les personnels aguerris, fantassins et artilleurs, ont été remplacés par une simple équipe de « gardiennage » constituée de territoriaux. De fait, alors que le combat fait rage sur toute la ligne de front, les allemand remarquent vite que le fort est silencieux et qu’aucune de ses pièces d’artillerie ne les prend à partie. Une escouade de reconnaissance parvient à franchir le fossé et devant l’absence de réaction, pénètre dans le fort où les quelques territoriaux qui l’occupent sont capturés sans résistance.

Cette divine surprise est immédiatement exploitée par la propagande allemande, tous les journaux proclament cette prise en laissant entendre que la percée à Verdun est imminente.  La suite de la bataille démentira cet optimisme. Il n’en reste pas moins que les installations du fort, au cœur de la 1° ligne des combats vont fournir aux Allemands un avantage logistique incommensurable, leur permettant d’abriter hommes et matériels et d’établir des batteries d’artillerie d’autant plus dévastatrices qu’ils dominent  tout le champ de bataille. Une sanglante offensive pour reprendre le fort échouera en mai en faisant des centaines de morts et il faudra attendre octobre pour reprendre enfin le fort avec de lourdes pertes. Au total, Pétain estimait que l’abandon du fort avait causé la perte de 100 000  combattants français, tués ou blessés.

21 février 1916 :
au bois des Caures, Driant et ses chasseurs font face à la déferlante allemande.

La position du bois des Caures, à 10 km au nord de Verdun, est en pointe face à l’offensive allemande qui se prépare. Le lieutenant-colonel  Driant l’occupe avec deux bataillons de chasseurs. Émile Driant est célèbre en France. Officier venu en politique (il est député de Nancy) après une carrière militaire interrompue après l’affaire des fiches, il avait également écrit des ouvrages d’anticipation sur le thème des guerres futures. À la déclaration de guerre, il a 59 ans mais demande sa réintégration avec un commandement en première ligne. En 1915 il alerte à plusieurs reprises le commandement puis les politiques, sur la faiblesse de la position de Verdun, dont la plupart des forts ont été quasi-désarmés, notamment pour affecter leurs canons lourds à la préparation de l’offensive de la Somme. Ses demandes de renforcement du secteur sont restées vaines mais il prépare énergiquement la défense  de sa position faisant établir par ses chasseurs tranchées et redoutes.
Au matin du 21 février, les Allemands déclenchent l’attaque par une préparation d’artillerie gigantesque, qui  va durer 10 heures et déchiqueter les hommes et les arbres sur toute la 1° ligne française. À 16 heures, les tirs d’artillerie s’allongent et les fantassins de deux divisions allemandes s’avancent pour occuper le terrain. Driant et une poignée de chasseurs survivants émergent alors des abris et leur feu nourri bloque les premières vagues allemandes, stupéfaites de rencontrer une résistance là où on leur avait assuré qu’il ne resterait plus que de la terre labourée par les obus.
Au soir les chasseurs survivants ne sont plus qu’un quart de l’effectif initial (300 à 400 sur un effectif de 1300 avant l’attaque), mais ils s’accrochent au terrain et reprennent même une position avancée. Le matin du 22 voit cependant revenir les vagues d’assaut allemandes (deux divisions allemandes étaient en pointe sur ce secteur) contre lesquels les chasseurs épuisent leurs dernières munitions dans des combats acharnés. Driant organise alors le repli de ses soldats vers Beaumont, et quitte la position avec les derniers lorsqu’il est mortellement atteint.
Le sacrifice de Driant et de ses chasseurs a permis d’acheminer en toute hâte des renforts devant Verdun et d’empêcher une percée décisive des Allemands. Il a surtout eu un énorme retentissement dans la France entière et galvanisé l’esprit de résistance qui allait permettre la victoire de Verdun mais à quel prix effroyable : 160 000 morts chez les Français, 140 000 du côté allemand et des dizaines de milliers d’invalides.

dimanche 14 février 2016

19 février 1836 : exécution de Fieschi, enfant perdu de Murato.


Le 25 juillet 1835 il avait mis à feu, boulevard du Temple, une machine infernale de son invention, préfiguration des « orgues de Staline » visant le cortège royal à l’occasion de la célébration du cinquième anniversaire de la Révolution de Juillet. Louis-Philippe ne fut pas atteint mais l’attentat fit 19 morts dont le maréchal Mortier.
Fils d’un berger de Murato, Giuseppe Fieschi s’était engagé dans l’armée à 16 ans alors que son père était emprisonné pour vol. Il combattit avec courage sous les ordres de Murat lors des campagnes de Russie et de France. Après la chute de l’Empire il resta au service du Roi de Naples mais le trahit une première fois en vendant des renseignements aux Autrichiens qui facilitèrent leur victoire de Tolentino, puis en livrant les plans du débarquement de Pizzo de Calabre où Murat et ses compagnons furent pris et fusillés. Rentré en Corse, il fut condamné en 1819 à dix ans de réclusion pour un faux en écriture. Après sa libération, se faisant passer pour une victime de la Restauration, il fut réintégré dans l’armée, mais ses incartades firent découvrir ses falsifications et il fut chassé de l’armée en 1834. Hébergé par des anarchistes, il mit  au point le dispositif de l’attentat contre Louis-Philippe. Blessé par l’explosion de sa machine, il fut arrêté et jugé avec ses complices au cours d’un procès qui passionna l’opinion.
Les débats révélèrent sa  personnalité que l’on qualifierait aujourd’hui de psychopathe narcissique et il fut condamné à mort et guillotiné avec ses complices au rond point de la barrière Saint-Jacques.

Le  Musée Carnavalet conserve un tableau macabre de sa tête « décollée », œuvre deJacques-Raymond Brascassat.