16 mars 1968 : le massacre de My Lai marque d’une tache indélébile l’armée américaine
En janvier 1968 l’offensive du
Têt avait été un échec militaire relatif du Viet Cong mais un choc psychologique majeur pour le
commandement et l’opinion des USA. Dans les mois qui suivirent l’armée
américaine et ses alliés sud Vietnamiens se lancèrent à la poursuite des
assaillants repoussés des principales villes du Sud Vietnam où ils avaient
lancé l’attaque surprise.
C’est dans ce contexte qu’une
compagnie américaine, commandée par le lieutenant Willam Calley, fut déployée
dans un secteur proche de la ligne de démarcation, croyant y trouver des
combattants Viet Cong. En fait, ils ne trouvèrent à leur arrivée, que des
civils, presque exclusivement des femmes, des enfants et des vieillards. Pendant
une matinée, Calley et ses hommes incendièrent les maisons, pourchassèrent et criblèrent de balles les malheureux
villageois. Seule l’intervention d’un équipage d’hélicoptère, piloté par Hugh
Thompson, permit de mettre fin à cette folie meurtrière et de sauver quelques
femmes et enfants. Survolant le village, Thompson découvrit rapidement que les
tirs ne visaient pas des combattants mais des civils et, voyant un groupe de
soldats se diriger vers des femmes et des enfants réfugiés dans un fossé, posa
son hélicoptère devant les GI’s et donna
l’ordre à son mitrailleur de tirer sur les soldats s’ils continuaient à
avancer. Averti par Thompson, le commandement supervisant les opérations du
secteur ordonna le repli des soldats sur le terrain, mais seuls une douzaine de
femmes et d’enfant avaient pu être évacués en hélicoptère et sauvés. Environ 500 victimes ont
été recensées par la suite.
Ce crime de guerre ne fut révélé
à l’opinion américaine que plusieurs mois plus tard et suscita dans le monde
entier une vague d’indignation. Traduit devant un tribunal militaire, William
Calley, soutenu par l’extrême droite américaine, fut condamné à 30 ans de
prison, mais cette peine fut commuée par Nixon en résidence surveillée. Il exprima
des regrets tardifs en 2005. Thompson fut décoré en catimini, pour « faits
de guerre » sans plus de précision, l’armée américaine répugnant à revenir
sur cet épisode tragique et déshonorant, qui marqua cependant un tournant
décisif dans l’opinion américaine vers l’opposition à la guerre.
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