samedi 15 novembre 2014

7 mai 1954 : 


À Dien Bien Phu le piège s’est refermé le 28 mars quand la piste d’atterrissage, artère vitale du camp retranché est rendue inutilisable par les canons du Viet-Minh, que personne n’avait jugé possible d’acheminer autour du camp.
Le général Navarre pensait rééditer le succès de Na San, où les assauts de Giap avaient été écrasés par l’artillerie et l’aviation françaises. Mais les conditions n’étaient plus les mêmes. L’aide massive de la Chine communiste au Viet-Minh, en matériel et en conseillers militaires et l’éloignement de Dien Bien Phu, des bases aériennes françaises avaient modifié la donne. Grâce à une formidable mobilisation humaine, Giap avait constitué une logistique que personne ne pensait réalisable et acheminé autour du camp tout l’approvisionnement nécessaire à un siège et, surtout, des moyens lourds en artillerie. Les canons furent hissés à bras sur les collines entourant la plaine de DBP et cachés dans des alvéoles creusés face au camp retranché, d’où ils sortaient pour tirer et rentraient avant que les salves de contre batterie du camp n’aient pu les détruire.
Dès le début des combats, le 13 mars, l’artillerie Viet-Minh démontra sa présence et son efficacité.
Les combattants du camp réalisèrent que leur principal atout venait de disparaître. Le colonel Piroth, commandant l’artillerie, comprit aussitôt que l’inefficacité de ses canons, qu’il n’avait pas jugé nécessaire de mettre sous abri, condamnait le camp retranché ; il se suicida avec une grenade.
La suite ne fut qu’une longue agonie, où le camp retranché, sous perfusion de parachutages de plus en plus difficiles à cause de la DCA ennemie, fut étouffé peu à peu par le réseau de tranchées des soldats de Giap.

Le calvaire des défenseurs de Dien Bien Phu, qui restèrent sous le feu pendant 8 longues semaines sans espoir d’évacuation ne cessa pas avec la fin des combats. La longue marche vers les camps de prisonniers, la dénutrition et l’absence de soins médicaux dans les camps (quand ce ne furent pas des exécutions sommaires, notamment pour les soldats vietnamiens combattant avec les français), causèrent la mort des deux tiers des 11 700 prisonniers. C’est une tache qui ternit cette grande victoire du Viet-Nam dans sa lutte pour l’indépendance dont personne aujourd’hui ne conteste la légitimité. Les pertes vietnamiennes n’ont jamais été connues avec précision, entre 4 000 et 10 000 morts et 10 000 à 20 000 blessés et disparus selon les estimations.

15 novembre 1914  : fin du premier épisode de la bataille des Flandres

bataille de l'Yser et 1° bataille d'Ypres.



Après le coup d'arrêt subi sur la Marne, les Allemands tentent de déborder le front par le nord-ouest, ce qui leur permettrait d'occuper les ports du Nord de la France par où débarquent les troupes et le ravitaillement de l'armée anglaise. C'est la dernière étape de la course à la mer. Au bout de la ligne se situe le petit fleuve côtier de l'Yser, où ce qui reste de l'armée belge, renforcée de 3 divisions françaises (dont l'une commandée par le général Paul-François Grossetti) et de la brigade de fusiliers marins nouvellement constituée sous les ordres de l'amiral Ronarc'h, va opposer une résistance héroïque aux coups de boutoirs allemands. L'écrasante supériorité allemande en effectifs et artillerie va néanmoins inexorablement user les défenses alliées. Le commandement franco-belge décide alors de recourir à l'inondation et grâce aux éclusiers belges qui ouvrent les portes à marée montante, la plaine submersible autour de l'Yser se transforme en marécage. L'armée alliée se replie derrière le talus de la voie de chemin de fer Nieuport-Dixmude (Foch dira  : ce talus de 1,20 m nous a sauvés  !) et les derniers assauts allemands s'enlisent. La poussée allemande se concentre alors sur Ypres, tenue par les anglais du général French où les allemands concentrent une formidable force d'assaut, avec une supériorité numérique initiale évaluée à 5 contre 1 et d'énormes moyens d'artillerie lourde  ; mais les alliés vont rapidement étoffer la défense autour d'Ypres où viennent s'ajouter aux forces anglaises et belges (400 000 hommes au total) prés de 4 millions de combattants français. Les allemands avaient sous estimé la capacité de renfort des alliés et l'empereur Guillaume  II avait même prévu une entrée triomphale à Ypres début novembre, pour proclamer l'annexion de la Belgique. Las, tous les assauts allemands vont s'épuiser sur les défenses alliées et le 5 novembre, le Kaiser quittera le champ de bataille. Deux furieux assauts allemands les 10 et 11 novembre seront arrêtés à Ypres et Dixmude, puis les combats diminueront d'intensité et cesseront à partir du 15 novembre. Les pertes humaines ont été terribles, évaluées à 140  000 hommes dans chaque camp, laissant les combattants exténués et démoralisés.

Le répit ne sera que de courte durée et malgré l'épisode de la «  trève de Noël  » entre Anglais et Allemands près d'Ypres ravagée, la fureur meurtrière reprendra au printemps 1915, pour la 2°  bataille d'Ypres.  

dimanche 9 novembre 2014

altissima aghja


au col de Foata, cette aire de battage est à 990 m d'altitude, à plus de deux heures de marche de Rutali.

2 décembre 1805 Austerlitz

Napoléon foudroye la 3° coalition


La violation du traité d’Amiens par l’Angleterre avait rendu inéluctable la reprise des hostilités en Europe. En réponse aux préparatifs d’invasion de l’Angleterre par la grande Armée constituée à Boulogne, le 1° ministre anglais William Pitt, farouche opposant de la France depuis la défaite de la guerre d’indépendance américaine, reconstitue une coalition, avec l’Autriche et la Russie (ces dernières fourniront les combattants et l’Angleterre l’argent). La Prusse montre des velléités de s’y joindre. Devant les menaces qui s’accumulent et conscient que la pusillanimité de l’amiral Villeneuve, terré à Cadix, ne permettra plus d’assurer le passage de la Manche, Napoléon fait opérer une volte-face à l’armée de Boulogne, qui par un chef d’œuvre d’organisation logistique, va atteindre le Rhin à marche forcée en moins d’un mois. L’objectif est de libérer la Bavière, envahie par les Autrichiens du général Mack en août, et d’atteindre Vienne avant que l’armée Russe ait fait sa liaison avec l’armée Autrichienne, ce qui aurait donné à la coalition une écrasante supériorité numérique. Par une habile manœuvre de contournement, Napoléon contraint Mack à se réfugier dans Ulm où il devra capituler le 20 octobre avec 25 000 hommes, dont l’absence pèsera lourdement à Austerlitz. Ce prélude victorieux à l’affrontement final a été gagné essentiellement par les pieds des soldats, avec une remarquable économie de pertes humaines pour les Français. L’armée française se dirige alors vers Vienne, pour forcer l’armée russe de Koutouzov au combat, mais celui-ci, inaugurant une tactique qui ne lui réussira que bien plus tard, préfère faire retraite vers le Nord sans défendre Vienne malgré les supplications de l’Empereur François II. Koutouzov fait jonction avec la 2e armée russe du général Buxhowden et le corps autrichien du prince de Lichtenstein à Olmütz en Moravie, ce qui porte les forces de l’armée coalisée à 86 000 hommes et 280 canons. L’armée française à sa poursuite arrive à Brünn (Brno) le 21 novembre ; elle ne compte que 75 000 hommes et 140 canons, car Napoléon a dû laisser face à l’Archiduc Charles remontant d’Italie, 60 000 hommes (Masséna, Ney et Marmont) et en couverture de Vienne 27 000 hommes de Davout et Mortier. Néanmoins, confiant dans la supériorité morale de ses troupes et son habileté stratégique, il décide d’amener les coalisés à livrer bataille sur le site d’Austerlitz qu’il a choisi. C’est un quadrilatère de 12 km sur 8, limité à l’ouest par la route Brünn-Vienne, au nord par la route Brünn-Olmütz, traversé par deux ruisseaux qui contournent un petit plateau, le plateau de Pratzen, élément clé de la bataille, et fermé au sud par des étangs gelés. Austerlitz est à l’est, derrière les forces coalisées après le début de l’engagement. Napoléon va faire croire à l’ennemi qu’il redoute la bataille et songe à la retraite, notamment en retirant ses troupes du plateau de Pratzen. Il escompte que les coalisés vont occuper cette position favorable, pour fondre sur la droite de l’armée française, afin de couper à Napoléon la retraite vers Vienne. Celui-ci a l’intention de jeter alors le gros de ses forces, le 4° corps de Soult, sur l’armée russe descendant du plateau de Pratzen pour attaquer la droite française, qu’il a fait renforcer par le 3° corps de Davout remonté en hâte de Vienne. En fait les Russes, dans la nuit font mouvement vers le sud pour envelopper la droite française et Napoléon, informé de ce mouvement modifie son plan de bataille et décide de lancer plutôt le corps de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen pour couper en deux l’armée coalisée. Au matin le combat s’engage contre la droite française retranchée dans le village de Telnitz ou le corps de Davout et la division de Friant réussissent à contenir l’ennemi. Au lever du soleil, lorsqu’il apparaît que la gauche et le centre de l’armée coalisée sont descendus du plateau, Napoléon lance les forces de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen. Malgré les efforts désespérés des russes pour revenir sur le plateau et fermer la brèche, la tenaille française se referme sur le gros de l’armée ennemie. Une ultime charge des chevaliers-gardes russes sur le flanc de la division de Vandamme qui pivote pour refermer le piège est bousculée par la cavalerie de la garde, grenadiers, chasseurs et mameluks emmenés par Rapp. Pour l’armée coalisée, à l’exception du corps de Bagration à droite du dispositif, sur la route d’Olmütz, qui parviendra à faire retraite, c’est un désastre complet, les fuyards se bousculent et s’enlisent dans les étangs du sud du plateau. Les français déplorent 1 600 morts et 7 000 blessés alors que les coalisés perdent 4 000 morts, 12 000 blessés, 11 000 prisonniers et 180 canons (dont le bronze constituera la colonne Vendôme).

La 3° coalition a vécu, et Pitt fera décrocher du mur de son bureau la carte d’Europe en disant « roulez-la, elle ne servira plus avant 10 ans » ; il mourra 3 mois plus tard.

19 octobre 1781  : Yorktown

de Grasse, Rochambeau, La Fayette et Washington sonnent le glas de la domination anglaise de l'Amérique.



L'insurrection américaine contre la colonisation anglaise avait connu un tournant en 1777 après la victoire de Saratoga qui donnait aux Patriotes une crédibilité internationale. L'aide française, jusque
là organisée en sous-main (sous forme notamment d'expédition d'armes par Beaumarchais !) se transforme en un traité d'alliance offensive et défensive conclu avec Franklin le 6 février 1778. En 1778, le général anglais Henri Clinton, qui commandait les forces anglaises au Nord, fut obligé d'évacuer Philadelphie, d'où il avait chassé les patriotes américains qui y avaient établi le Congrès, pour aller préparer la défense de New York dans l'éventualité d'une attaque de la marine française. Pendant deux ans, une série de batailles vit alternativement des victoires (Monmouth, Stoney Point) et des défaites (Savannah, Charlestown) des insurgés. En juillet 1780, le corps expéditionnaire français aux ordres de Rochambeau débarque à Newport. Les anglais avaient porté la guerre dans le Sud, réputé plus favorable à l'occupation anglaise, mais, après une série de revers, notamment face aux volontaires de La Fayette, le général Cornwallis avait été refoulé, avec son armée de 8 000 hommes en Virginie, dans la ville de Yorktown où il attendait des renforts de la marine anglaise. L'action décisive de de l'amiral de Grasse qui met en fuite l'escadre anglaise de l'amiral Graves à la bataille de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781, referme le piège sur Cornwallis, désormais assiégé et canonné par terre et par mer. Il capitule le 19 octobre et les troupes anglaises vaincues défilent entre l'armée de Rochambeau et celle de Washington (tableau de John Trumbull).

Cette défaite décisive décourage l'Angleterre, harcelée par ailleurs aux Indes et en Méditerranée par les attaques françaises et espagnoles, et l'amène à demander la paix et accorder l'indépendance aux Etats-Unis d’Amérique (traité de Versailles).  

26 mai – 10 juin 1942 :  Bir Hakeim 

la France combattante renaît de ses cendres en se mettant en travers de la route de Rommel


Sévèrement étrillée par les forces Italiennes et Allemandes en Tunisie, la 8° armée Britannique, en charge de protéger l’Égypte et le Canal de Suez, s’est retranchée sur une ligne de défense nord-sud appuyée au nord sur la place forte de Tobrouk. Le verrou sud de cette ligne est confié à la 1° Brigade française libre commandée par le général Kœnig. Cette brigade est un extraordinaire amalgame de Français « métropolitains » et de représentants de la France d’Outre-Mer comprenant des Africains du bataillon de marche de l’Oubangui Chari, des Républicains espagnols constituant l’essentiel d’un des deux bataillons de Légion, des combattants du Pacifique (Tahitiens et Néo-Calédoniens), et une compagnie Nord-Africaine (Algériens, Tunisiens et Marocains). Tous sont animés d’une même combativité et ils sont encadrés par des chefs charismatiques. Le site dévolu à la 1° BFL est un désert rocailleux dépourvu de toute défense naturelle. Koenig, impose à tous de creuser dans le roc des emplacements de défense, individuels et d’artillerie, ce qui va sauver les combattants quand les obus et bombes tomberont par milliers sur le camp retranché. L’autre trouvaille est la conversion d’une partie des canons de 75 en canons anti-chars qui vont se révéler d’une efficacité mortelle sur les chars de l’Axe.
Rommel a prévu de contourner le dispositif Britannique par le Sud, pour prendre à revers la ligne de défense. Le 26 mai, il lance son offensive en contournant Bir-Hakeim qu’une division blindée italienne doit neutraliser au passage. Le 27 mai l’attaque de cette division est pulvérisée par l’artillerie et la défense antichar du camp. Les Italiens, qui se sont courageusement battus, perdent la moitié de leur chars. Dans les jours qui suivent, les raids motorisés à partir du camp détruisent plusieurs chars allemands et un camp de ravitaillement et réparation de l’Axe. Rommel comprend qu’il ne peut continuer son offensive en laissant sur ses arrières cette menace et revient en personne commander l’assaut combiné des forces de l’Axe sur la position Française soumise dès lors à un bombardement incessant de la Luftwaffe. Sous ce déluge de de feu les Français libres qui se battent à 1 contre 10 résistent et rendent coup pour coup, empêchant ainsi l’offensive prévue par Rommel et permettant aux Anglais de recevoir les renforts qui vont leur permettre de résister victorieusement à El Alamein.
Le 10 juin, les Français libres, à court de munitions et d’eau, apprennent qu’ils peuvent abandonner la position devenue inutile. Une sortie en force de nuit leur permet de rejoindre un dispositif de recueil anglais.
Ce fait d’Armes , qui a stupéfié les Allemands et les Anglais (dont la garnison de Tobrouk, forte de 30000 combattants, attaquée le 20 juin par des forces équivalentes se rendra le lendemain !) impose la France libre et le Général de Gaulle comme une force avec et sur laquelle il faudra désormais compter.


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