dimanche 9 novembre 2014

2 décembre 1805 Austerlitz

Napoléon foudroye la 3° coalition


La violation du traité d’Amiens par l’Angleterre avait rendu inéluctable la reprise des hostilités en Europe. En réponse aux préparatifs d’invasion de l’Angleterre par la grande Armée constituée à Boulogne, le 1° ministre anglais William Pitt, farouche opposant de la France depuis la défaite de la guerre d’indépendance américaine, reconstitue une coalition, avec l’Autriche et la Russie (ces dernières fourniront les combattants et l’Angleterre l’argent). La Prusse montre des velléités de s’y joindre. Devant les menaces qui s’accumulent et conscient que la pusillanimité de l’amiral Villeneuve, terré à Cadix, ne permettra plus d’assurer le passage de la Manche, Napoléon fait opérer une volte-face à l’armée de Boulogne, qui par un chef d’œuvre d’organisation logistique, va atteindre le Rhin à marche forcée en moins d’un mois. L’objectif est de libérer la Bavière, envahie par les Autrichiens du général Mack en août, et d’atteindre Vienne avant que l’armée Russe ait fait sa liaison avec l’armée Autrichienne, ce qui aurait donné à la coalition une écrasante supériorité numérique. Par une habile manœuvre de contournement, Napoléon contraint Mack à se réfugier dans Ulm où il devra capituler le 20 octobre avec 25 000 hommes, dont l’absence pèsera lourdement à Austerlitz. Ce prélude victorieux à l’affrontement final a été gagné essentiellement par les pieds des soldats, avec une remarquable économie de pertes humaines pour les Français. L’armée française se dirige alors vers Vienne, pour forcer l’armée russe de Koutouzov au combat, mais celui-ci, inaugurant une tactique qui ne lui réussira que bien plus tard, préfère faire retraite vers le Nord sans défendre Vienne malgré les supplications de l’Empereur François II. Koutouzov fait jonction avec la 2e armée russe du général Buxhowden et le corps autrichien du prince de Lichtenstein à Olmütz en Moravie, ce qui porte les forces de l’armée coalisée à 86 000 hommes et 280 canons. L’armée française à sa poursuite arrive à Brünn (Brno) le 21 novembre ; elle ne compte que 75 000 hommes et 140 canons, car Napoléon a dû laisser face à l’Archiduc Charles remontant d’Italie, 60 000 hommes (Masséna, Ney et Marmont) et en couverture de Vienne 27 000 hommes de Davout et Mortier. Néanmoins, confiant dans la supériorité morale de ses troupes et son habileté stratégique, il décide d’amener les coalisés à livrer bataille sur le site d’Austerlitz qu’il a choisi. C’est un quadrilatère de 12 km sur 8, limité à l’ouest par la route Brünn-Vienne, au nord par la route Brünn-Olmütz, traversé par deux ruisseaux qui contournent un petit plateau, le plateau de Pratzen, élément clé de la bataille, et fermé au sud par des étangs gelés. Austerlitz est à l’est, derrière les forces coalisées après le début de l’engagement. Napoléon va faire croire à l’ennemi qu’il redoute la bataille et songe à la retraite, notamment en retirant ses troupes du plateau de Pratzen. Il escompte que les coalisés vont occuper cette position favorable, pour fondre sur la droite de l’armée française, afin de couper à Napoléon la retraite vers Vienne. Celui-ci a l’intention de jeter alors le gros de ses forces, le 4° corps de Soult, sur l’armée russe descendant du plateau de Pratzen pour attaquer la droite française, qu’il a fait renforcer par le 3° corps de Davout remonté en hâte de Vienne. En fait les Russes, dans la nuit font mouvement vers le sud pour envelopper la droite française et Napoléon, informé de ce mouvement modifie son plan de bataille et décide de lancer plutôt le corps de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen pour couper en deux l’armée coalisée. Au matin le combat s’engage contre la droite française retranchée dans le village de Telnitz ou le corps de Davout et la division de Friant réussissent à contenir l’ennemi. Au lever du soleil, lorsqu’il apparaît que la gauche et le centre de l’armée coalisée sont descendus du plateau, Napoléon lance les forces de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen. Malgré les efforts désespérés des russes pour revenir sur le plateau et fermer la brèche, la tenaille française se referme sur le gros de l’armée ennemie. Une ultime charge des chevaliers-gardes russes sur le flanc de la division de Vandamme qui pivote pour refermer le piège est bousculée par la cavalerie de la garde, grenadiers, chasseurs et mameluks emmenés par Rapp. Pour l’armée coalisée, à l’exception du corps de Bagration à droite du dispositif, sur la route d’Olmütz, qui parviendra à faire retraite, c’est un désastre complet, les fuyards se bousculent et s’enlisent dans les étangs du sud du plateau. Les français déplorent 1 600 morts et 7 000 blessés alors que les coalisés perdent 4 000 morts, 12 000 blessés, 11 000 prisonniers et 180 canons (dont le bronze constituera la colonne Vendôme).

La 3° coalition a vécu, et Pitt fera décrocher du mur de son bureau la carte d’Europe en disant « roulez-la, elle ne servira plus avant 10 ans » ; il mourra 3 mois plus tard.

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