2 décembre 1805 Austerlitz
Napoléon foudroye la 3° coalition
La violation du traité d’Amiens
par l’Angleterre avait rendu inéluctable la reprise des hostilités
en Europe. En réponse aux préparatifs d’invasion de l’Angleterre
par la grande Armée constituée à Boulogne, le 1° ministre anglais
William Pitt, farouche opposant de la France depuis la défaite de la
guerre d’indépendance américaine, reconstitue une coalition, avec
l’Autriche et la Russie (ces dernières fourniront les combattants
et l’Angleterre l’argent). La Prusse montre des velléités de
s’y joindre. Devant les menaces qui s’accumulent et conscient que
la pusillanimité de l’amiral Villeneuve, terré à Cadix, ne
permettra plus d’assurer le passage de la Manche, Napoléon fait
opérer une volte-face à l’armée de Boulogne, qui par un chef
d’œuvre d’organisation logistique, va atteindre le Rhin à
marche forcée en moins d’un mois. L’objectif est de libérer la
Bavière, envahie par les Autrichiens du général Mack en août, et
d’atteindre Vienne avant que l’armée Russe ait fait sa liaison
avec l’armée Autrichienne, ce qui aurait donné à la coalition
une écrasante supériorité numérique. Par une habile manœuvre de
contournement, Napoléon contraint Mack à se réfugier dans Ulm où
il devra capituler le 20 octobre avec 25 000 hommes, dont
l’absence pèsera lourdement à Austerlitz. Ce prélude victorieux
à l’affrontement final a été gagné essentiellement par les
pieds des soldats, avec une remarquable économie de pertes humaines
pour les Français. L’armée française se dirige alors vers
Vienne, pour forcer l’armée russe de Koutouzov au combat, mais
celui-ci, inaugurant une tactique qui ne lui réussira que bien plus
tard, préfère faire retraite vers le Nord sans défendre Vienne
malgré les supplications de l’Empereur François II. Koutouzov
fait jonction avec la 2e armée russe du général Buxhowden et
le corps autrichien du prince de Lichtenstein à Olmütz en Moravie, ce qui porte les forces
de l’armée coalisée à 86 000 hommes et 280 canons. L’armée
française à sa poursuite arrive à Brünn (Brno) le 21 novembre ;
elle ne compte que 75 000 hommes et 140 canons, car Napoléon a
dû laisser face à l’Archiduc Charles remontant d’Italie, 60 000
hommes (Masséna, Ney et Marmont) et en couverture de Vienne 27 000
hommes de Davout et Mortier. Néanmoins, confiant dans la supériorité
morale de ses troupes et son habileté stratégique, il décide
d’amener les coalisés à livrer bataille sur le site d’Austerlitz
qu’il a choisi. C’est un quadrilatère de 12 km sur 8, limité à
l’ouest par la route Brünn-Vienne, au nord par la route
Brünn-Olmütz, traversé par deux ruisseaux qui contournent un
petit plateau, le plateau de Pratzen, élément clé de la bataille,
et fermé au sud par des étangs gelés. Austerlitz est à l’est,
derrière les forces coalisées après le début de l’engagement.
Napoléon va faire croire à l’ennemi qu’il redoute la bataille
et songe à la retraite, notamment en retirant ses troupes du plateau
de Pratzen. Il escompte que les coalisés vont occuper cette position
favorable, pour fondre sur la droite de l’armée française, afin
de couper à Napoléon la retraite vers Vienne. Celui-ci a
l’intention de jeter alors le gros de ses forces, le 4° corps de
Soult, sur l’armée russe descendant du plateau de Pratzen pour
attaquer la droite française, qu’il a fait renforcer par le
3° corps de Davout remonté en hâte de Vienne. En fait les
Russes, dans la nuit font mouvement vers le sud pour envelopper la
droite française et Napoléon, informé de ce mouvement modifie son
plan de bataille et décide de lancer plutôt le corps de Soult à
l’assaut du plateau de Pratzen pour couper en deux l’armée
coalisée. Au matin le combat s’engage contre la droite française
retranchée dans le village de Telnitz ou le corps de Davout et la
division de Friant réussissent à contenir l’ennemi. Au lever du
soleil, lorsqu’il apparaît que la gauche et le centre de l’armée
coalisée sont descendus du plateau, Napoléon lance les forces de
Soult à l’assaut du plateau de Pratzen. Malgré les efforts
désespérés des russes pour revenir sur le plateau et fermer la
brèche, la tenaille française se referme sur le gros de l’armée
ennemie. Une ultime charge des chevaliers-gardes russes sur le flanc
de la division de Vandamme qui pivote pour refermer le piège est
bousculée par la cavalerie de la garde, grenadiers, chasseurs et
mameluks emmenés par Rapp. Pour l’armée coalisée, à l’exception
du corps de Bagration à droite du dispositif, sur la route d’Olmütz,
qui parviendra à faire retraite, c’est un désastre complet, les
fuyards se bousculent et s’enlisent dans les étangs du sud du
plateau. Les français déplorent 1 600 morts et 7 000
blessés alors que les coalisés perdent 4 000 morts, 12 000
blessés, 11 000 prisonniers et 180 canons (dont le bronze
constituera la colonne Vendôme).
La 3° coalition a vécu, et Pitt
fera décrocher du mur de son bureau la carte d’Europe en disant
« roulez-la, elle ne servira plus avant 10 ans » ;
il mourra 3 mois plus tard.
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