Dès l’annonce de son retour,
Napoléon avait été proclamé hors la loi par le congrès de Vienne et la plupart
des états européens se remobilisèrent pour l'abattre. La somme des armées alliées contre la France
atteignait 1 300 000 hommes, dont 800 000 prêts à entrer en
campagne dès le mois de juin. L’armée française reconstituée à la hâte ne
pouvait équiper que 200 000 hommes, dont une partie devait rester en
rideau défensif sur les frontières de l’est et du sud-ouest. Napoléon fit le pari qu’une
victoire éclair sur un des fronts pourrait décourager la coalition et l’amener à conclure une paix avec la France
ramenée à ses frontières naturelles. Il décida de porter l’attaque, avec une
armée de 120 000 hommes, au Nord où les armées anglo-hollandaise et
prussienne devaient faire leur jonction pour envahir la France. Son plan était d’attaquer séparément chaque armée, prévoyant
que chacune se replierait vers ses lignes
de retraite naturelles, les Prussiens
vers l’Est et les Anglais vers les ports de la mer du Nord. Il ignorait que le
pacte d’alliance de ses ennemis prévoyait expressément que chacun se portât au
secours de l’autre en cas d’attaque séparée. Battue à Ligny le 16 juin mais non
anéantie, l’armée de Blücher ne fit pas retraite vers l’Est mais vers Bruxelles
pour pouvoir revenir sur l’armée de Wellington que Ney avait affronté sans
succès aux Quatre-Bras. L’erreur décisive de Napoléon fut alors de détacher le
quart de son armée, sous le commandement de Grouchy, pour
« surveiller » la retraite de Blücher, contre l’avis de Soult.
Au matin du 18 juin l’armée
française fait face à l’armée anglo-hollandaise solidement retranchée autour de
Mont-Saint-Jean, appuyée sur 3 grosses fermes que Wellington a fait fortifier à
Hougoumont, aile droite, la Haye Sainte au centre et Papelotte, aile gauche. Ignorant
la menace mortelle que fait courir le retour des Prussiens dont il ignore la
position réelle, Napoléon diffère l’attaque pour laisser sécher le terrain
détrempé par des pluies torrentielles. La bataille ne commence que peu avant
midi et ces heures perdues pèseront lourd dans l’issue de la bataille. L’aile
droite avait été confiée à Jérôme, courageux mais piètre stratège, assisté du
général Reille censé le conseiller mais ne pouvant contrevenir à ses décisions.
Jérôme attaqua Hougoumont sans réelle préparation d’artillerie et toutes les
attaques se brisèrent sur les défenses anglaises or Napoléon escomptait que
cette attaque sur son aile droite, menaçant de le couper de la mer,
inquiéterait suffisamment Wellington pour lui faire dégarnir le centre, où il
prévoyait l’assaut principal. De même Ney, à qui avait été laissé le
commandement du centre, ne fit que ce
qu’il savait faire, c’est-à-dire charger, sans avoir suffisamment laissé
l’artillerie entamer les positions anglaises au centre. L’artillerie et les
carrés anglais fauchèrent toutes les charges de cavalerie lancées à l’assaut de
la crête de Mont-Saint-Jean. Lorsqu’enfin les Français purent prendre la
Haye-Sainte, clé du dispositif ennemi, les Prussiens commençaient à attaquer la
droite française, déclenchant la déroute et l’anéantissement de l’armée
française. Il ne fait aujourd’hui aucun doute que la responsabilité de cette
défaite et du sacrifice inutile de l’armée incombe à Napoléon lui-même et non à
ses maréchaux ; fatigué, malade, usé, il avait perdu la clairvoyance
stratégique que toutes ses victoires antérieures avaient démontrée. Ce désastre
mit précocement fin à un affrontement qui s’annonçait cependant sans espoir,
face à l’ensemble des puissances européennes bien décidées à refermer la
parenthèse révolutionnaire et impériale pour revenir au vieil ordre
monarchique.
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