mercredi 25 juin 2014

16 décembre  1838 : la bataille de Blood River, événement fondateur de l’Afrique du Sud.



La colonie du Cap, fondée au XVII° siècle par des émigrants hollandais rejoints par des huguenots français, avait été annexée par l’Angleterre en 1806. L’incompatibilité des aspirations des descendants des colons, les Boers (= paysans, avec une connotation biblique), avec la vision anglaise de « colonie- comptoir » avait conduit à de multiples incidents dus à la volonté des anglais d’imposer leur langue et leurs principes politiques aux colons implantés depuis plus d’un siècle. L’abolition de l’esclavage par les anglais en 1833 mit à mal les exploitations agricoles des Boers qui la vécurent comme une injustice. Ils décidèrent de quitter la région du Cap pour trouver d’autres territoires à défricher et y fonder des républiques indépendantes. Ce fut le « grand trek », nouvel exode vers une terre promise. Les migrants, dans de grands chariots tirés par des bœufs gagnèrent des territoires occupés par différentes tribus africaines. L’une de ces colonnes atteignit la région du Natal (région de l’actuel Durban) et les Boers négocièrent une coexistence pacifique avec les Zoulous qui dominaient la région. En février 1838, un des chefs Zoulous, Dingane, au prétexte de conclure le traité, attira les représentants des Boers dans son camp et les massacra, puis attaqua les camps Boers et extermina les familles des pionniers. Ceux qui purent s’échapper rejoignirent d’autres colonnes de Boers qui se regroupèrent autour d’Andries Pretorius, l’un des chefs d’expédition du grand Trek. En décembre, Pretorius fit prêter serment à ses compagnons de consacrer à Dieu le jour de la victoire sur les combattants de Dingane et de bâtir une Église. Le 16 décembre eut lieu la confrontation sur une rive de la rivière Ncome : 15 000 Zoulous attaquèrent les 500 Boers et 300 métis qui s’étaient organisés en défense derrière leurs chariots disposés en demi-cercle le long de la rivière, selon la technique défensive du « laager », popularisée plus tard par les westerns. Ainsi protégés et mieux armés, disposant de fusils et de quelques canons, les Boers firent un carnage des assaillants, dont le sang colora la rivière Ncome, qui devint « Blood River ». Plus de 3 000 Zoulous furent tués et les Boers mirent en fuite les partisans de Dingane puis reconnurent son frère comme nouveau roi et firent alliance avec lui.
Le 16 décembre est un jour férié en Afrique du Sud, célébré comme « jour du vœu » jusqu’en 1994, puis, depuis 1994, comme « jour de la réconciliation ». La capitale administrative de l’Afrique du Sud fut nommée Pretoria en l’honneur d’Andries Pretorius.  Le monument à sa mémoire près de sa ville natale, Graaf-Reinet, porte les symboles du grand trek, tête de bœuf et roue de chariot, avec une citation étrangement prémonitoire de Pretorius « Un jour la roue tournera dans notre monde et nous ne pourrons pas l’arrêter … ».




lundi 23 juin 2014

1° juillet 1863 : Gettysburg tournant tragique de la guerre de Secession.
La question de l’esclavage avait cristallisé l’opposition entre le Sud, dont l’économie fondée principalement sur l’exportation première du coton était dépendante de la main d’œuvre des esclaves et le Nord, industriel et plus protectionniste. L’élection d’Abraham Lincoln, dont le programme prévoyait l’abolition de l’esclavage, en 1860 déclenche la sécession des états du Sud.
Les hostilités commencent en avril 1861 et sont tout d’abord une série de victoires pour le Sud, dont les troupes sont mieux organisées et mieux commandées, avec à leur tête Robert E. Lee. Cependant celui-ci sait que le temps joue contre le Sud, à cause de la supériorité financière et industrielle de l’Union ainsi que de son potentiel en mobilisation de combattants. Il veut forcer la décision et, après une série de victoires sur les armées du Nord décide de porter la guerre au cœur de l’Union, en marchant sur les grandes métropoles nordistes, Philadelphie, Baltimore et Washington. Il pense, probablement à juste titre, que le choc psychologique qui résulterait de la prise de ces villes amènerait le Nord à traiter.
Les troupes de l’Union sont regroupées à l’est dans l’«armée du Potomac ». Le commandement vient d’en être confié à Georges G. Meade, après le limogeage de Joseph Hooker responsable de la déroute de Chancellorsville. Meade se porte à la rencontre des troupes sudistes et après un premier affrontement d’avant-gardes dans la ville de Gettysburg, choisit de retrancher ses troupes sur les collines situées au sud de la ville. Pendant trois jours, du 1° au 3 juillet, l’armée confédérée va essayer de faire sauter ce verrou par des attaques, dont la dernière, la charge de Pickett, lançant plus de 10 000 soldats à l’assaut du flanc nordiste parvient à enfoncer la ligne de défense avant d’être refoulée par une contre-attaque. Le point atteint par la brigade du général Lewis Amistead, qui sera mortellement blessé dans cet assaut, est la limite extrême de l’avancée sudiste («High Water Mark of the Confederacy») lors de cette guerre. L’échec de cet assaut contraint Lee à ordonner la retraite.
Les deux armées ont perdu près de 46 000 soldats dans ce qui restera le plus grand affrontement survenu sur le sol américain, dont 4 700 morts pour les Confédérés et 3 200 pour l’Union. Cependant ces pertes représentent 30 % des forces de Lee et 25 % des forces de Meade. L’avenir du conflit s’inscrit dans ces proportions, puisque le Nord ira en se renforçant tandis que le Sud ne pourra plus mener que des combats défensifs, à court de combattants et de logistique, car les batailles ultérieures, même indécises, accentueront ce déséquilibre jusqu’à la capitulation de Lee en avril 1865.
Quelques mois après la bataille, le président Lincoln rend un hommage, connu sous le nom de « Gettysburg Address » aux victimes des deux camps, dans lequel il transcende les enjeux du conflit dans ce qui peut être considéré comme le premier « discours de l’Union », où il proclame « la renaissance de la liberté - un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Le XIII° amendement abolissant l’esclavage sera voté à la chambre des représentants le 31 janvier 1865. Abraham Lincoln, investi pour son second mandat le 4 mars, sera assassiné le 14 avril, 5 jours après la fin officielle de la guerre civile.



samedi 21 juin 2014

Sur la route de Murato 


Coppa et Lonzu vous saluent bien ...
Encore une manifestation du particularisme Corse !




Cette jolie punaise arlequin (Graphosoma italicum), photographiée au lieu-dit "San Vitu" est jaune et noir en Corse, alors qu'elle est rouge et noir sur le continent (image en cartouche).
La livrée rouge et noir des insectes (pas des footballeurs italiens) indique aux prédateurs que le porteur est malodorant ou dégoûtant au sens propre, ce qui leur évite d'être ingérés puis recrachés. La livrée noir et jaune indique, elle, que le porteur est venimeux. Les entomologistes appellent cette utilisation de code-couleur l'aposématisme. Certains insectes opportunistes profitent de ces code-couleurs pour se protéger, bien qu'ils n'aient pas la particularité signalée ; on voit ainsi des mouches parfaitement inoffensives en livrée jaune et noir.
Il est intéressant de constater que notre punaise Corse, bien que naturellement inapte à la consommation par ses propriétés "dégustatives", préfère envoyer le message "attention je suis armée !".

Pour tout savoir sur la punaise arlequin :

jeudi 19 juin 2014


Qui s'y frotte s'y brûle


Dans vos balades d’été, méfiez vous de cette plante, le peucédan, de la famille du fenouil (a finochja) qui secrète une substance photosensibilisante ; c'est-à-dire que son contact n'est pas dangereux en soi, mais que toute exposition au soleil dans les minutes ou les heures qui suivent peut créer de sévères brûlures (du 2° degré avec phlyctènes).
Ici photographiée au lieu dit "La Mela", mais il y en a d'autres touffes autour de Rutali et dans le cap corse, notamment sur le chemin du Monte Stello, où j'en ai fait la douloureuse connaissance.  N'y touchez pas à main nue au soleil et ne vous y frottez pas les jambes ! Si vous vous apercevez que vous avez été en contact avec du peucedan par inadvertance, lavez abondamment aussitôt ou couvrez les zones exposées jusqu'à ce que vous puissiez laver la peau.
Voir la fiche de l'office de l'environnement de la Corse sur le lien

À propos de radioactivité :


La radioactivité c’est naturel !  Dans l'organisme d'un humain de 80 kg se produisent chaque seconde 10 000 désintégration d’atomes radioactifs (dont 6 000 de l'isotope 40 du  potassium) ; la radioactivité de cet humain est donc de 10 000 Bq. Ce même potassium 40 est présent dans l'eau de mer au taux de 13 Bq/l, c'est-à-dire 13 000 Bq/m3 : nous baignons dans la radioactivité au sens propre.  Cette radioactivité naturelle se concentre plus ou moins dans les aliments, avec quelques exemples :
Pomme de terre 150 Bq/kg, lait de vache, 60 Bq/kg, viande 100 Bq/kg, huile de table 180 Bq/kg, eau minérale 1 à 5 Bq/l, poisson 120 Bq/kg, crustacés 150 Bq/kg.
La radioactivité supplémentaire qui pourra être détectée sous forme de quelques Bq de césium 137 dans le poisson n'a pas de signification biologique. Le césium est un analogue du potassium (même colonne de la classification de Mendeleiv, émetteur beta et gammma comme lui, mais deux fois moins énergétique, donc avec de moindres effets biologiques).  Pas de quoi avoir les chocottes en mangeant du poisson...Il faut dire que le tintamarre médiatique laisse peu la place à l'expression des médecins spécialistes des rayonnements et de leurs effets sur l'homme. Il est aberrant de constater qu'on en est arrivé à faire beaucoup plus fort que couper les cheveux en quatre puisqu'on coupe l'atome (ce qui étymologiquement paraissait impossible) en 1000 en parlant de millibecquerel, pour nous indiquer la quantité d'iode radioactif mesurée en France (1 mBq/m3 = 1 atome d'iode dans 1000 m3 !) 
La radioactivité artificielle n'est pas différente de la radioactivité naturelle,et, la radioactivité du granite provient essentiellement de la désintégration de l'uranium qu'il contient. L'isotope 238 donne tous les produits de filiation du radon (dont le polonium 210 qui se concentre dans les crustacés que nous absorbons avec grand plaisir, alors que cet élément, à forte dose, avait fait grand bruit en 2006 quand il avait été utilisé pour assassiner un dissident russe) ; l'isotope 235, lors de sa  fission par un neutron de l'irradiation solaire naturelle, libère quant à lui tous les éléments radioactifs présents dans les déchets d'une centrale nucléaire. Ajoutons pour être complet que la capture d'un neutron solaire par l'uranium 238 donne du plutonium 239 et qu'il existe donc du plutonium naturel  dans votre jardin (la terre contient en moyenne 3 mg d'uranium par tonne) et bien plus dans terrains granitiques. Ainsi la Corse du Sud, granitique, est bien plus exposée que la Haute Corse, schisteuse (mais nous avons plus de rayonnement cosmique, on ne peut décidément pas y échapper).


lundi 16 juin 2014


24 juin 1314 : Robert Bruce donne à l’Écosse son indépendance en écrasant l’armée Anglaise à Bannockburn.
La 1° guerre d’indépendance de l’Écosse avait débuté en 1296, par l’invasion de l’Écosse par Édouard I°. Après une première défaite des écossais menés par Richard Wallace (Braveheart), la guerre reprend en 1306, sous forme de guérilla menée par Robert Bruce, couronné roi d’Écosse, après avoir éliminé ses rivaux. Edouard I°, revenu combattre la rébellion meurt de maladie sur la frontière écossaise en 1307. Son fils Edouard II faible de caractère et en proie à l’hostilité des barons du royaume, abandonne le combat. Ce n’est qu’en 1314, devant la menace de voir tomber la dernière place forte anglaise en terre d’Écosse, le château de Stirling, qu’Édouard II lève une armée pour venir au secours de la place assiégée et écraser la révolte. Robert Bruce n’a que 5 000 hommes à opposer à  la puissante armée Anglaise de 20 000 hommes. Il va choisir un terrain favorable, une hauteur sur la route de Stirling, bordée de marécages et piégée latéralement par de fossés dissimulés par des branchages. Face au seul passage restant à la cavalerie, il dispose en trois rangées ses « schiltrons » unités de piquiers armés de piques de 4 à 5 m de long constituant une barrière mortelle pour les chevaux et les cavaliers. L’affrontement va durer deux jours, les 23 et 24 juin au cours desquels les charges de cavalerie anglaises limitées à un front étroit viendront se briser sur la muraille de piques écossaise. Le reflux de la cavalerie anglaise sème le désordre dans les lignes d’archers et fantassins anglais qui seront alors culbutés par la réserve écossaise emmenée par Robert Bruce.
Cette éclatante victoire donne l’indépendance à l’Écosse pour 4 siècles ; le royaume d’Écosse ne sera  rattaché à l’Angleterre qu’en 1707, un siècle après l’avènement des Stuart. Le prochain référendum sur l’indépendance de l’Écosse aura lieu 7 siècles après cette bataille fondatrice, nul doute que les partisans du oui ne manqueront pas d’y faire référence
Les Français, alliés des Écossais à l’époque, auraient bien fait, au lieu de simplement s’en réjouir, d’analyser cette bataille qui préfigure leurs futures défaites de la guerre de 100 ans. En effet, les Anglais modifieront profondément leur tactique de combat après ce désastre et privilégieront la défense à pied bien retranchée et la puissance de destruction des longs arcs face aux charges de cavalerie, ce qui leur permettra d’affronter victorieusement la chevalerie française à Crécy, Poitiers et, surtout, Azincourt où le terrain et le scénario de la bataille rappellent singulièrement ceux de Bannockburn.
La célèbre « Marche des Soldats » de Robert Bruce, jouée à l’aube de la bataille de Bannockburn est devenue le « cantique » des soldats de tous les pays (sauf peut-être d’Angleterre…) ; sa ligne mélodique mélancolique évoque plus les héros qui vont périr que les défilés triomphants des vainqueurs.
https://www.youtube.com/watch?v=4r7uX8wjFWU