jeudi 10 juillet 2014

1899-1902 : deuxième guerre des Boers

Les Anglais inventent les camps de concentration


Après leur victoire sur les Anglais en 1881, les Boers du Transvaal et de l’état libre d’Orange avaient reconquis leur souveraineté. La découverte d’importants gisements d’or au Transvaal déclencha un afflux massif de britanniques provenant de la colonie du Cap et un regain de convoitise de l’Angleterre pour ces territoires. Le refus du gouvernement Boer de Paul Kruger d’accorder le droit de vote à ces « uitlanders » (étrangers), ce qui aurait, à terme, donné le pouvoir aux britanniques, fut le prétexte des menaces d’intervention militaire. Sachant que la guerre devenait inévitable, le Transvaal et l’état libre d’Orange passèrent à l’attaque, à la fin de l’année 1899, contre les colonies anglaises du Cap et du Natal. Les opérations leur furent d’abord favorables, grâce aux mêmes tactiques qui leur avaient donné la victoire lors de la première guerre, mais l’arrivée massive de renforts d’Angleterre, puis d’autres états de l’Empire britannique, notamment du Canada, permirent aux Britanniques de conquérir la capitale de l’état d’Orange, Bloemfontein, et celle du Transvaal, Pretoria. Les Anglais pensaient alors avoir remporté la partie, mais les Boers organisèrent alors une guérilla, attaquant les communications et les convois anglais. Pour lutter contre ces raids, Kitchener, chef des forces britanniques, inaugura une politique de terre brûlée, détruisant les fermes des Boers et déportant massivement les familles de combattants Boers dans de vastes camps dont la clôture était assurée par du fil de fer barbelé, d’invention récente. Les premiers camps de concentration étaient nés ! 120 000 femmes, enfants et vieillards y furent internés. D’autres camps regroupèrent les personnels noirs qui avaient travaillé dans les exploitations boers, que les britanniques considéraient comme de possibles alliés des boers. Dans les camps, la mortalité par maladies et malnutrition fut effroyable. Les femmes et enfants des combattants Boers identifiés avaient des rations encore plus réduites et les Anglais le faisaient savoir pour briser le moral des combattants. C’est cependant une infirmière Anglaise, Emily Hobbhouse, révoltée par  l’inhumanité de ces camps, qui dénonça ces pratiques. De retour en Angleterre, son rapport et ses déclarations à la presse suscitèrent  l’indignation et l’envoi d’une commission d’enquête qui imposa une amélioration des conditions de détention, sans remettre en cause leur existence même.
Épuisés militairement et moralement, les Boers abandonnèrent le combat et un traité mit fin au conflit en mai 1902, en plaçant les républiques Boers sous contrôle de l’empire britannique.
Cette guerre avait coûté aux Anglais et à leurs alliés plus de 20 000 morts, dont 8 000 environ tués au combat mais la plupart à cause de maladies, dont la typhoïde. Chez les Boers et les Noirs des républiques indépendantes, 6 000 combattants, 30 000 civils Boers dont 22 000 enfants et environ 20 000 noirs perdirent la vie.

Ces deux guerres, que les Afrikaans nomment « guerres de Liberté » ont profondément marqué l’inconscient collectif et doivent être gardées en mémoire pour comprendre les épisodes suivants de la genèse de l’Afrique du Sud. 

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