jeudi 25 octobre 2018


Vittorio Veneto : 24 octobre – 3 novembre :

La victoire de l’Italie et de ses alliés précipite la fin
de l’empire austo-hongrois.



Après la déroute de Caporetto en novembre 1917, les armées italiennes, renforcées par des contingents français et anglais, s’étaient retranchées sur une ligne de défense en arrière du Piave, dont le pivot était le Monte Grappa  Les revers de l’été 1918 avaient contraint les allemands à retirer leur appui aux forces austro-hongroises sur le front italien. Le général Armando Diaz commandant l’armée italienne avait planifié l’offensive qui devait séparer les armées impériales de la plaine vénétienne de celles des Alpes à Vittorio Veneto, coupant la ligne de ravitaillement de celles-ci. L’offensive commença sur le secteur du Monte Grappa le 24 octobre, pour fixer les forces austro-hongroises, le franchissement du Piave en plaine étant  prévu le lendemain. Cependant les conditions climatiques et la crue du Piave retardèrent les préparatifs et notamment la construction des ponts de franchissement qui ne furent achevés que dans la nuit du 26 au 27 octobre. La XII° armée italienne, où étaient incorporées 5 divisions françaises était commandée par le général Jean-César Graziani et c’est le 107° régiment d’infanterie qui prit pied le premier sur la rive gauche du Piave à Pederobba, établissant une tête de pont, qui allait permettre à la XII° armée de franchir le fleuve, tandis que d’autres têtes de pont à l’Est permettaient le franchissement par la X° et le VIII° armées, qui allaient avancer vers Vittorio Veneto. Une ultime tentative de percée autrichienne sur le monte Grappa pour prendre à revers l’offensive italienne sur le Piave fut arrêtée par la résistance acharnée des unités italiennes de montagne au prix de lourdes pertes de chaque côté (l’ossuaire de Monte Grappa  recueille les restes des 12 000 soldats italiens et alliés et 10 000 soldats austro-hongrois qui trouvèrent la mort sur ce symbole de la résistance italienne).
La victoire italienne de Vittorio Veneto est l’ultime coup de masse qui entraîne l’effondrement d’un empire austro-hongrois qui craquait de toute part ; la Hongrie se sépare de l’Autriche le 31 octobre après que la Tchécoslovaquie, la Croatie avaient déclaré leur indépendance. L’armistice entérinant de fait la capitulation de l’Autriche est signé à la villa Giusti, près de Padoue, le 3 novembre.
L’Italie, qui n’était entrée en guerre qu’en mai 1915 aura perdu 650 000 soldats et sortira ruinée du conflit, sans obtenir au traité de Versailles  tous les territoires promis par la France et l’Angleterre.



vendredi 28 septembre 2018



28 septembre 1538. Barberousse disloque la première coalition navale chrétienne à Preveza.


 

Sous l’impulsion du Pape Paul III s’était formée une ligue conte l’expansion ottomane de Soliman le magnifique. Le plan d’intervention était une action combinée terrestre et maritime.  La supériorité maritime devait être acquise en ajoutant la flotte de Venise à la coalition formée des vaisseaux de l’Espagne et de Gênes (Andrea Doria avait rejoint le camp de Charles Quint), des galères papales et celles de l’ordre de Malte. Venise cherchait jusqu’alors à éviter un affrontement avec  les Turcs qui aurait nui à son commerce, mais à la suite d’un incident naval en Adriatique monté en épingle par Doria pour faire croire aux turcs que Venise s’alliait à lui, elle allait se voir menacée par Soliman et rejoindre la coalition en formation.
Le commandement de la flotte alliée était confié à Andrea Doria, alors que le capitan pacha (amiral en chef) ottoman était Khair ed Din Barberousse, secondé par Dragut.
La bataille allait se dérouler à Preveza, à la sortie du golfe Ambracique où, 15 siècles plus tôt la flotte d’Antoine et Cléopâtre avait été anéantie par celle d’Octave, à la bataille d’Actium.
Après l’échec d’une tentative isolée du commandant de la flotte papale, Grimani, de s’emparer du fort de Preveza commandant l’entrée de la baie, les turcs rassemblèrent toutes leurs forces dans la baie mais ils restaient en nette infériorité par rapport à la flotte chrétienne.
Cependant, les atermoiements de Doria face à une sortie de la flotte ottomane, puis sa retraite précipitée après qu’une saute de vent eut immobilisé temporairement ses gros vaisseaux furent à l’origine de la défaite où  les chrétiens perdirent une cinquantaine de navires et eurent environ 3 000 prisonniers ou tués, alors que les pertes de Barberousse furent évaluées à quelques centaines d’hommes et pas de navires.
Ce désastre inattendu, compte tenu de la supériorité numérique des alliés, mit fin aux projets de croisade et découragea pour longtemps toute alliance chrétienne, laissant le champ libre en méditerranée aux turcs et à leurs alliés barbaresques pendant 33 ans, jusqu’à Lépante.

jeudi 15 mars 2018


16 mars 1968 : le massacre de My Lai marque d’une tache indélébile l’armée américaine




En janvier 1968 l’offensive du Têt avait été un échec militaire relatif du Viet Cong  mais un choc psychologique majeur pour le commandement et l’opinion des USA. Dans les mois qui suivirent l’armée américaine et ses alliés sud Vietnamiens se lancèrent à la poursuite des assaillants repoussés des principales villes du Sud Vietnam où ils avaient lancé l’attaque surprise.
C’est dans ce contexte qu’une compagnie américaine, commandée par le lieutenant Willam Calley, fut déployée dans un secteur proche de la ligne de démarcation, croyant y trouver des combattants Viet Cong. En fait, ils ne trouvèrent à leur arrivée, que des civils, presque exclusivement des femmes, des enfants et des vieillards. Pendant une matinée, Calley et ses hommes incendièrent les maisons,  pourchassèrent et criblèrent de balles les malheureux villageois. Seule l’intervention d’un équipage d’hélicoptère, piloté par Hugh Thompson, permit de mettre fin à cette folie meurtrière et de sauver quelques femmes et enfants. Survolant le village, Thompson découvrit rapidement que les tirs ne visaient pas des combattants mais des civils et, voyant un groupe de soldats se diriger vers des femmes et des enfants réfugiés dans un fossé, posa son hélicoptère devant les GI’s  et donna l’ordre à son mitrailleur de tirer sur les soldats s’ils continuaient à avancer. Averti par Thompson, le commandement supervisant les opérations du secteur ordonna le repli des soldats sur le terrain, mais seuls une douzaine de femmes et d’enfant avaient pu être évacués en  hélicoptère et sauvés. Environ 500 victimes ont été recensées par la suite.
Ce crime de guerre ne fut révélé à l’opinion américaine que plusieurs mois plus tard et suscita dans le monde entier une vague d’indignation. Traduit devant un tribunal militaire, William Calley, soutenu par l’extrême droite américaine, fut condamné à 30 ans de prison, mais cette peine fut commuée par Nixon en résidence surveillée. Il exprima des regrets tardifs en 2005. Thompson fut décoré en catimini, pour « faits de guerre » sans plus de précision, l’armée américaine répugnant à revenir sur cet épisode tragique et déshonorant, qui marqua cependant un tournant décisif dans l’opinion américaine vers l’opposition à la guerre.

jeudi 1 mars 2018


3 mars 1918. Traité de Brest-Litovsk :

 La Russie se retire du conflit et laisse le champ libre à l’Ouest à l’Allemagne.



Après la révolution d’octobre, le nouveau pouvoir Russe est menacé de l’intérieur par la résistance d’une grande partie des cadres de l’armée tsaristes et ne peut plus faire face à la poussée allemande ; il demande un armistice fin novembre  1917. Les négociations commencées en décembre, vont aboutir à une paix séparée signée par Trotski avec les représentants de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Les concessions territoriales imposées à la Russie sont énormes : elle perd la Pologne, l’Ukraine et la plupart des territoires Baltes. L’arrière-pensée de Lénine et Trotski est de récupérer ces territoires à la faveur d’une révolution prolétarienne en Allemagne. Cette révolution n’aura pas lieu mais l’effondrement militaire de l’Allemagne lui permettra en effet de les récupérer à la fin  de la guerre civile russe.
Dans l’immédiat, c’est l’équivalent de 40 divisions allemandes qui va pouvoir être reporté sur le front de l’ouest, permettant l’ultime coup de boutoir allemand du printemps 2018, qui va faire vaciller la résistance alliée et  ramener la ligne de front à  la Marne, à 70 km de Paris. Cependant, la montée en puissance des soldats et de la logistique de l’Amérique et la coordination des alliés sous le commandement unique de Foch vont permettre de contenir ce furieux assaut puis d’organiser la contre offensive victorieuse de juillet qui va ramener les Allemands à leur position initiale et les contraindre à la défensive jusqu’à leur défaite finale.

mardi 23 janvier 2018


26 janvier 1788 : la « First Fleet » fait de l’Australie une colonie anglaise



L’île-continent Australie était connue des explorateurs Hollandais, Portugais, Français et Anglais depuis le XV° siècle mais c’est James Cook qui la cartographia précisément et la déclara possession anglaise sous le vocable de « Nouvelle-Galles-du-Sud » en 1770.
L’Angleterre, chassée de ses colonies américaines en 1776, cherchait à reprendre son expansion coloniale ; elle renouvela sa politique d’exportation de ses indésirables en expédiant dans ces nouveaux territoires des prisonniers de droit commun, des prostituées et des républicains irlandais.
La flotte transportant les prisonniers et leur encadrement atteignit la baie de Port Jackson -futur Sydney- le 26 janvier 1788. Malgré une forte mortalité dans les premières années, la colonie allait se développer régulièrement avec l’arrivée de nouveaux proscrits et de colons volontaires. La faible population d’aborigènes allait être refoulée vers l’ouest tout en étant décimée par diverses épidémies de maladies apportées par les colons pour lesquelles elles n’avaient aucune immunité, notamment la variole et la rougeole. Quelques révoltes sporadiques et fragmentaires furent rapidement écrasées par les nouveaux occupants. Progressivement la colonie pénitentiaire fut diluée dans le processus de peuplement civil, qui dissémina dans l’ensemble du continent.

L’Australie acquit son indépendance le 1° janvier 1901 mais conserva, avec le statut de « dominion », des liens étroits avec le Royaume-Uni, en participant notamment au prix de grands sacrifices de ses soldats, à la première guerre mondiale. Sa totale indépendance fut acquise en 1942, mais la fête nationale « Australia day » reste le débarquement de la « First Fleet »

mercredi 10 janvier 2018

14 janvier 1858 : l’attentat d’Orsini manque sa cible immédiate mais déclenche le processus de l’unité Italienne.
 

Felice Orsini, fils d’un carbonaro ancien officier de la Grande Armée,  avait adhéré en 1838, à 18 ans, à « Giovine Italia », le mouvement Républicain unitaire de Giuseppe Mazzini.  Avec celui-ci, dont il était devenu un des principaux lieutenants, il participa à la première insurrection d’indépendance en 1848 et combattit aux côtés de Garibaldi en 1849 les troupes françaises envoyées à Rome pour rétablir le pouvoir temporel du Pape. Après la fin de l’éphémère République Romaine, il s’installa à Nice d’où il échafauda  divers projets insurrectionnels, d’abord en liaison avec Mazzini, puis pour son propre compte quand Mazzini, conscient de l’inanité de ses projets, prit ses distances avec lui. Arrêté en Hongrie en 1854  lors d’une de ses tentatives contre l’empire Autrichien, il fut emprisonné à la forteresse de Mantoue, d’où il s’évada en  1856. Installé à Londres, il allait dorénavant se consacrer à un nouveau projet : déclencher une révolution populaire en France en assassinant Napoléon III, tenu pour responsable de l’échec de la République Romaine, ce qui devait selon lui amener au pouvoir des républicains français qui feraient cause commune avec les républicains italiens.

L’attentat, qu’il avait minutieusement préparé avec 3 complices, eut lieu devant l’Opéra, alors situé rue Le Peletier, le 14 janvier à 20 h 30, à l’arrivée du carrosse impérial. Trois bombes explosèrent, sous l’escadron d’escorte, sous l’attelage et sous le carrosse lui-même, qui avait été cependant renforcé de plaques d’acier, ce qui sauva l’Empereur et l’Impératrice. Le bilan fut effroyable (12 morts et 156 blessés). Les conjurés furent rapidement arrêtés, condamnés à mort et exécutés le 13 mars 1858. Cependant, avant sa mort Orsini avait écrit à Napoléon III une lettre l’adjurant d’aider l’Italie à conquérir son indépendance, en lui rappelant les liens étroits de l’Italie et de la France et l’espoir qu’avaient mis les Italiens dans les idéaux républicains propagés par les armées du Directoire et de l’Empire. Profondément troublé par ces arguments, Napoléon III rencontra secrètement Cavour et convint avec lui d’une assistance militaire en cas de nouvelle guerre avec l’Autriche. Celle-ci, habilement provoquée par Cavour, aboutit, après Magenta et Solferino, à la paix de Zurich, rattachant la Lombardie au Royaume de Victor Emmanuel II, première étape de l’unification italienne.   

samedi 6 janvier 2018



7 janvier 1558 : François de Guise reprend Calais aux Anglais



Calais était tombée aux mains des Anglais après un siège de près d’un an en août 1347, concluant la chevauchée d’Edouard III, victorieux à Crécy un an plus tôt. Cette tête de pont allait permettre aux Anglais de débarquer à leur guise en France pour toutes leurs expéditions de conquête au cours de ce qui va devenir la guerre de Cent Ans. Après la fin de celle-ci, la préoccupation dominante des rois de France sera d’abord la lutte contre le duché de Bourgogne, puis la conquête de l’Italie et ils négligeront de fermer cette plaie béante au flanc du royaume. Après le désastre de Saint-Quentin face aux Espagnols de Philippe II, la France était en grand danger d’invasion par les Espagnols auxquels allaient se joindre les Anglais (Mary Tudor - « bloody Mary » - était devenue reine consort d’Espagne par son mariage avec Philippe II en 1554). Le roi Henri II rappela en urgence l’armée confiée à François de Guise à destination de l’Italie et l’envoya  à la frontière Nord colmater la brèche.
La  place forte de Calais, assoupie dans le statu quo depuis deux siècles ne s’attendait pas à ce sursaut français et, rapidement investie, n’opposa qu’une faible résistance aux assauts de l'armée du duc de Guise. En une semaine la place était privée de ses principaux points d’appui et canonnée depuis les forts conquis, ce qui rendait vaine toute résistance et elle capitula dans la nuit du 7 janvier.

Les anglais médusés ne purent que se lamenter de la perte de leur enclave continentale et l’Espagne fut privée de la porte d’entrée des renforts Anglais, ce qui permit à Henri II de conclure la paix à moindre frais en avril 1559 par le traité de Cateau-Cambrésis qui mit fin à un siècle de velléités françaises de conquête en Italie.