samedi 3 octobre 2015

5 octobre 1795 = 13 Vendémiaire an IV

Écrasement de l’insurrection royaliste par Barras et Bonaparte



La Convention aurait dû se dissoudre après la promulgation de la constitution de l’an III mais le rapport des forces s’était inversé depuis Thermidor  et les modérés, partisans d’un rétablissement de la royauté constitutionnelle étaient en passe de remporter les élections aux Conseil des Anciens et au Conseil des Cinq-cents. Pour sauvegarder la République (et leur pouvoir), les conventionnels promulguèrent un décret  qui imposait de choisir les 2/3 des futurs élus des deux chambres parmi les conventionnels sortants. Cette manœuvre indigna l’opinion et incita les royalistes à fomenter une insurrection en s’appuyant sur les sections parisiennes « modérées » et à marcher sur les Tuileries, siège de la Convention, pour forcer celle-ci à abolir ce décret. La Convention chargea Barras de contrer cette menace et celui-ci prit comme adjoint Bonaparte, nommé général après le siège de Toulon mais en disgrâce après Thermidor en raison de ses opinions révolutionnaires affichées et de ses liens  avec les Montagnards et notamment avec le frère de Robespierre.
Bonaparte organisa promptement la défense de la Convention, en faisant réquisitionner par Murat les canons stationnés au camp des Sablons, qu’il disposa dans les rues avoisinantes des Tuileries.  Lorsque les insurgés débouchèrent vers la Convention, il fit ouvrir le feu et les canons chargés à mitraille fauchèrent les assaillants, qui s’enfuirent en laissant des centaines de morts et blessés sur le pavé et sur les marches de l’église Saint-Roch.

Cette journée fut le dernier soubresaut insurrectionnel de la Révolution. Elle fut aussi le point de départ de l’ascension politique de Bonaparte, nommé Commandant en chef de l’armée de l’intérieur après ce succès mais surnommé dès lors « Général Vendémiaire » par les modérés et  «Le mitrailleur de Saint-Roch » par les royalistes.

lundi 21 septembre 2015

Escale du Forbin à Bastia





La frégate anti-aérienne Forbin est filleule de la ville de Bastia. C’est un retour aux sources lointaines puisque le fameux corsaire Claude de Forbin, compagnon d’évasion à la rame de Jean Bart des geôles anglaises,  est un descendant direct de Tomasinu Linciu, de Morsiglia. Ce cap-corsin né en 1510, marin puis armateur, fit fortune à Marseille (dont la grande place Lenche porte le nom francisé) et fonda la « Magnifique Compagnie du Corail » établie dans le  Bastion de France à Bône. Devenu second consul de Marseille en 1565, ami de Sampiero Corso,  il maria sa fille  Désirée à un fils Forbin, puissante famille Provençale. Claude de Forbin, Amiral de Siam, était un arrière petit-fils de Tomasinu.

dimanche 13 septembre 2015


14 septembre 1515 : Marignan
L’alliance Franco-Vénitienne emporte la décision sur les mercenaires Suisses …


François 1er succède à Louis XII mort sans héritier ; il veut renforcer sa légitimité par la récupération du Milanais, dont Louis XII avait été chassé en 1511 et dont une première tentative  de reprise  avait échoué après la lourde défaite de Novare en 1513. Milan est défendu au nom de Maximilien Sforza par les mercenaires suisses dirigés par l’évêque de Sion, Matthieu Schiner,  obéissant aux directives du pape Léon X, digne successeur de Jules II dans son opposition aux ambitions françaises en Italie. Le 13 septembre, l’armée Française est à Marignan, à une quinzaine de kilomètres de Milan.  Elle est forte de 30 000 fantassins dont la moitié de lansquenets allemands, 2 500 cavaliers et  d’une puissante artillerie. Schiner arrive à persuader les Suisses, divisés sur la conduite à tenir, à attaquer le camp français. Inférieurs en nombre mais redoutables par  leur cohésion et leur discipline au combat justement réputées à l’époque, les piquiers suisses enfoncent la première ligne française et cherchent à neutraliser l’artillerie française qui fait des ravages dans leurs rangs. Ils sont attaqués de flanc par la cavalerie française mais celle-ci est limitée dans son action par les nombreux canaux de cette plaine maraîchère. La mêlée est confuse et les charges répétées de la cavalerie, auxquelles participe François 1er, n’arrivent pas à désorganiser les solides bataillons suisses. La nuit vient interrompre la bataille, sans qu’un avantage se dessine pour l’un ou l’autre camp. Le combat reprend au matin, toujours aussi furieux, mais le front français commence à céder lorsqu’arrivent sur le champ de bataille les troupes fraîches de Venise, temporairement alliée à la France, menées  par Bartolomeo d’Alviano, qui parviennent à disloquer les rangs suisses. Les Suisses  se replient alors vers Milan, en laissant sur le terrain près de 10 000 morts, alors que le camp franco-vénitien compte environ 6 000 morts. Cette hécatombe, inhabituelle pour les batailles de l’époque a contribué à marquer les esprits, autant que la défaite des Suisses, réputés invincibles, alors que, pour la gloire de François 1er,  la propagande du royaume de France  parvint à occulter rapidement le rôle décisif des Vénitiens qui furent à Marignan ce que les Prussiens furent à Waterloo. 

jeudi 2 juillet 2015

6 juillet 1495 Fornoue, fin du premier acte des guerres d’Italie

Charles VIII s’échappe difficilement de la nasse italienne.




L’Italie de la fin du XV° siècle, riche et divisée, attire les convoitises ; l’Espagne aragonaise avait évincé le roi René du royaume des Deux-Siciles, mais les droits de celui-ci avaient été captés par Louis XI. Accédant au trône, Charles VIII imagine d’asseoir son autorité par une expédition de reconquête. Il lève une armée qui franchit les Alpes à l’été 1494. L’effet de surprise permet une chevauchée facile par Florence, qui accueille favorablement Charles VII et le soutient, Rome où le pape Alexandre VI (un Borgia donc Aragonais) refuse de le couronner roi de Naples, puis Naples où il se fait sacrer en mai et indispose rapidement le peuple et les seigneurs locaux par les festivités prolongées qui sont organisées. Le Pape, Venise et Milan ont entretemps constitué une ligue et levé une armée de 30 000 hommes pour anéantir la tentative française. Sentant le vent tourner, Charles VIII décide de regagner la France en laissant des garnisons dans les villes « conquises », ce qui affaiblit considérablement son armée. L’armée de la ligue attend les français au débouché des Apennins, près de Parme. Les deux armées se font face de part et d’autre d’un petit cours d’eau grossi par des pluies, ce qui empêche les charges de cavalerie des alliés. Alors que l’attaque de la ligue est contenue à l’avant et au centre de la ligne française, les bagages et le butin de l’armée française confiés à l’arrière garde sont pris, ce qui attire une grande partie des mercenaires de la ligue, avide de piller ces richesses. Les contre-attaques françaises  contraignent alors l’armée de la ligue à se replier et Charles VIII peut ainsi achever sa retraite vers la France. Plutôt qu’une victoire (également revendiquée par les deux camps), Fornoue  constitua plutôt une « non-défaite » mais le bilan de la campagne fut désastreux pour la France, financièrement et territorialement, à cause des concessions qu’avait faites Charles VIII à l’Espagne (Roussillon et Cerdagne) et à l’Empire (Artois et Franche Comté) pour s’assurer leur neutralité.

lundi 15 juin 2015

17 juin 1815 :  Rais Hamidou, dernier grand corsaire barbaresque est tué à la bataille du Cap Gata.





Pendant des siècles les régences d’Alger, Tripoli et Tunis, vassales de l’Empire Ottoman mais quasiment autonomes à partir du  XVII° siècle, établirent leur prospérité par la guerre de course et les razzias sur les côtes chrétiennes. Attaquées à plusieurs reprises par les escadres espagnoles, anglaises, hollandaises et françaises, elles ne subirent que des dégâts mineurs et ne furent jamais réellement inquiétée. Au début du XIX° siècle les états marchands européens payaient aux « barbaresques »  un tribut pour obtenir la garantie de n’être pas attaqués par leurs corsaires dont l’algérien Rais Hamidou était le plus célèbre représentant ; sa renommée au Maghreb équivaut à celle de Drake, Jean Bart ou Surcouf en Europe. Après leur indépendance, les vaisseaux des États-Unis avaient dû se plier au chantage barbaresque et payer tribut. Mais les exigences accrues des barbaresques  et leur attitude méprisante décidèrent les États-Unis à mener la première guerre étrangère de leur histoire, contre Tripoli, dont la flotte fut détruite par une escadre américaine et  qui s’inclina en 1805. Cependant, après le départ de la flotte des États-Unis, ce fut au tour du dey d’Alger de s’attaquer aux navires américains. La riposte ne fut pas immédiate du fait de la guerre Anglo-américaine de 1812, mais dès 1815 les États-Unis envoyèrent en Méditerranée une nouvelle escadre aux ordres de l’amiral Stephen Decatur, héros de la 1° campagne.  Le 17 juin cette escadre intercepta la frégate du corsaire Rais Hamidou et après une brève poursuite, arraisonna le navire dévasté par plusieurs salves et fit prisonnier l’équipage. Rais Hamidou avait été tué par un boulet et son corps jeté à la mer. Decatur entra dans le port d’Alger avec  la frégate algérienne démâtée et un autre navire corsaire  pris en cours de route. La consternation s’empara  des algérois qui considéraient Rais Hamidou comme invincible et le dey  abandonna toute ses exigences de tribut sur les navires américains, puis après les offensives successives  des Anglais, des Hollandais et des Français, dut s’engager à abandonner  la pratique de la capture et la détention d’esclaves chrétiens.  L’arrêt de la profitable industrie de la course et des razzias sur les côtes chrétiennes déclencha le déclin de la régence d’Alger, ce qui permit en 1830 la conquête française…mais ceci est une autre histoire. 

lundi 8 juin 2015


Il y a 200 ans : Waterloo,

bataille mal engagée et mal conduite d’une guerre perdue d’avance




Dès l’annonce de son retour, Napoléon avait été proclamé hors la loi par le congrès de Vienne et la plupart des états européens se remobilisèrent pour l'abattre.  La somme des armées alliées contre la France atteignait 1 300 000 hommes, dont 800 000 prêts à entrer en campagne dès le mois de juin. L’armée française reconstituée à la hâte ne pouvait équiper que 200 000 hommes, dont une partie devait rester en rideau défensif sur les frontières de l’est  et du sud-ouest. Napoléon fit le pari qu’une victoire éclair sur un des fronts pourrait décourager la coalition  et l’amener à conclure une paix avec la France ramenée à ses frontières naturelles. Il décida de porter l’attaque, avec une armée de 120 000 hommes, au Nord où les armées anglo-hollandaise et prussienne devaient faire leur jonction pour envahir la France. Son plan était  d’attaquer séparément chaque armée, prévoyant que chacune se replierait  vers ses lignes de retraite naturelles,  les Prussiens vers l’Est et les Anglais vers les ports de la mer du Nord. Il ignorait que le pacte d’alliance de ses ennemis prévoyait expressément que chacun se portât au secours de l’autre en cas d’attaque séparée. Battue à Ligny le 16 juin mais non anéantie, l’armée de Blücher ne fit pas retraite vers l’Est mais vers Bruxelles pour pouvoir revenir sur l’armée de Wellington que Ney avait affronté sans succès aux Quatre-Bras. L’erreur décisive de Napoléon fut alors de détacher le quart de son armée, sous le commandement de Grouchy, pour « surveiller » la retraite de Blücher, contre l’avis de Soult.

Au matin du 18 juin l’armée française fait face à l’armée anglo-hollandaise solidement retranchée autour de Mont-Saint-Jean, appuyée sur 3 grosses fermes que Wellington a fait fortifier à Hougoumont, aile droite, la Haye Sainte au centre et Papelotte, aile gauche. Ignorant la menace mortelle que fait courir le retour des Prussiens dont il ignore la position réelle, Napoléon diffère l’attaque pour laisser sécher le terrain détrempé par des pluies torrentielles. La bataille ne commence que peu avant midi et ces heures perdues pèseront lourd dans l’issue de la bataille. L’aile droite avait été confiée à Jérôme, courageux mais piètre stratège, assisté du général Reille censé le conseiller mais ne pouvant contrevenir à ses décisions. Jérôme attaqua Hougoumont sans réelle préparation d’artillerie et toutes les attaques se brisèrent sur les défenses anglaises or Napoléon escomptait que cette attaque sur son aile droite, menaçant de le couper de la mer, inquiéterait suffisamment Wellington pour lui faire dégarnir le centre, où il prévoyait l’assaut principal. De même Ney, à qui avait été laissé le commandement du centre, ne  fit que ce qu’il savait faire, c’est-à-dire charger, sans avoir suffisamment laissé l’artillerie entamer les positions anglaises au centre. L’artillerie et les carrés anglais fauchèrent toutes les charges de cavalerie lancées à l’assaut de la crête de Mont-Saint-Jean. Lorsqu’enfin les Français purent prendre la Haye-Sainte, clé du dispositif ennemi, les Prussiens commençaient à attaquer la droite française, déclenchant la déroute et l’anéantissement de l’armée française. Il ne fait aujourd’hui aucun doute que la responsabilité de cette défaite et du sacrifice inutile de l’armée incombe à Napoléon lui-même et non à ses maréchaux ; fatigué, malade, usé, il avait perdu la clairvoyance stratégique que toutes ses victoires antérieures avaient démontrée. Ce désastre mit précocement fin à un affrontement qui s’annonçait cependant sans espoir, face à l’ensemble des puissances européennes bien décidées à refermer la parenthèse révolutionnaire et impériale pour revenir au vieil ordre monarchique.

samedi 16 mai 2015

18 mai 1565 : début du Grand Siège de Malte, 

« Verdun » du XVI° siècle »


Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem chassés de l’île de Rhodes par les Turcs de Soliman le Magnifique avaient reçu de Charles Quint la souveraineté de l’île de Malte, idéalement placée entre la Sicile et la Tunisie pour mener la guerre de course contre les navires ottomans et verrouiller l’accès de la Méditerranée occidentale.  Ils s’installèrent dans la rade naturelle de Marsa, séparée en deux par la presqu’île de Xiberras et édifièrent les fortifications de la cité de Birgu et le fort Saint-Mic hel de part et d’autre du port naturel où ils abritèrent leurs galères.
Les Turcs ne pouvaient tolérer ce bastion avancé de la chrétienté qui nuisait à leurs entreprises commerciales et contrecarrait l’expansionnisme maritime ottoman. La flotte turque débarqua sur l’île 30 000 combattants, sous les ordres de Mustapha Pacha, et instaura un blocus de ses côtes par la flotte turque renforcée des corsaires barbaresques commandés par Dragut. Le grand Maître de l’ordre, Jean Parisot de La Valette, disposait de 600 chevaliers, de mercenaires et de miliciens maltais, pour un effectif de combattants d’environ 6 000 hommes mais pouvait compter sur le soutien de la population de Malte, très anciennement chrétienne.
Le fort Saint-Elme, isolé et attaqué sans relâche, fut pris après un mois de combats acharnés. Les défenseurs furent massacrés et mutilés et leur corps envoyés sur des radeaux vers la cité de Birgu ; en réponse, le grand Maître fit décapiter les prisonniers et expédier leur têtes par les canons de Saint-Ange dans les lignes turques. Le ton était donné ! Les deux mois suivants, les Turcs essayèrent par tous les moyens de forcer les défenses terrestres et côtières des deux bastions chrétiens de Birgu et Senglea qui se portaient mutuellement assistance par un ponton jeté en travers de la baie dont l’accès était barré par une chaîne, tandis que le débarquement sur la côte était empêché par des pieux reliés par des chaînes. Les Turcs envoyèrent des soldats équipés de haches détruire ces piquets mais ils furent interceptés et tués par des Maltais, habiles nageurs armés de couteaux dans de féroces combats nautiques. Fin août, les fortifications chrétiennes étaient très endommagées et leurs défenseurs épuisés. La chute paraissait proche mais les forces turques étaient également très diminuées. Quand arriva enfin, début septembre, une armée de secours levée en Sicile, les Turcs commencèrent à rembarquer leur armée, mais informés de la faiblesse des effectifs de l’armée de secours, décidèrent finalement de l’attaquer. Bien que supérieurs en nombre, les Turcs, démoralisés par 3 mois de combats infructueux furent mis en déroute par les Tercios Espagnols. Seuls 10 000 survivants purent rembarquer et regagner Constantinople.

Cet échec des Turcs de Soliman eut un grand retentissement dans toute la chrétienté et les dons affluèrent de toute l’Europe, qui permirent de relever les fortifications et de construire une nouvelle cité fortifiée dans la presqu’ïle de Xiberras. Elle prendra le nom de La Valette en hommage au grand Maître victorieux. Les projets turcs de revanche seront définitivement abandonnés après Lépante.

jeudi 14 mai 2015

11 mai 1745 : la victoire de Fontenoy livre les Pays-Bas autrichiens à la France … qui les rendra.




La guerre de succession d’Autriche opposa, de 1740 à 1748, l’Autriche, alliée à l’Angleterre et à la Hollande, à la Prusse à qui s’allia la France, toujours soucieuse de contrecarrer l’encerclement  espagnol de l’empire des Habsbourg.  Au printemps 1745 l’armée française sous les ordres de Maurice de Saxe envahit la Flandre, possession autrichienne correspondant à peu près à l’actuelle Belgique, et vient assiéger Tournai, place forte sur l’Escaut verrouillant la route vers Bruges, Gand et Mons. Une armée de secours anglo-hollandaise, conduite par le Duc William de Cumberland frère du roi d’Angleterre se dirige alors vers Tournai pour prendre à revers les français. Saxe, anticipant la manœuvre anglaise, vient établir une ligne de défense sur la rive droite de l’Escaut, à hauteur de la ville de Fontenoy, où  il fait construire de solides retranchements et plusieurs redoutes dont l’une s’appuie sur un bois en face de Fontenoy, la redoute d’Eu. L’armée alliée se met en position face aux défenses françaises et tente de neutraliser  ces défenses, par une attaque anglaise sur la redoute d’Eu et un assaut hollandais sur Fontenoy. L’une et l’autre échouent contre le feu d’artillerie et d’infanterie des français. Cumberland décide alors d’exploiter sa supériorité numérique et masse le plus gros de ses forces en une large colonne d’infanterie et d’artillerie dirigée sur le centre français. Malgré les ravages de l’artillerie des redoutes sur les flancs de cette colonne, celle-ci progresse inexorablement et enfonce le centre français sur plusieurs centaines de mètres. Cependant, malgré la peur qui s’empare d’une partie des dignitaires français qui entourent le Roi et le Dauphin, venus assister à la bataille pour  exalter l’ardeur des combattants, Saxe refuse de se replier et désorganise la progression de la colonne alliée par des assauts de cavalerie sur ses flancs, qui la contraignent à  se former en carré ce qui permet la réorganisation des lignes françaises et la reprise d’un feu meurtrier sur les 3 côté anglais exposés. Les alliés doivent se replier après de très lourdes pertes, estimées à 10 000 hommes dont 2 500 morts. Les français déplorent à peu près autant de morts et de blessés mais restent maîtres du terrain, ce qui permettra la chute de Tournai, puis la conquête de l’ensemble des villes et des ports de Flandre. Cependant, 3 ans plus tard, la paix sera conclue et Louis XV ne voulant pas créer une situation de guerre perpétuelle en conservant les Pays-Bas, ce que n’auraient jamais toléré les Anglais et les Habsbourg, rendra  ses conquêtes à l’Autriche. Seul Frédéric II de Prusse qui avait déclenché le conflit en envahissant la Silésie, conservera cette prise de guerre, ce qui vaudra à Louis XV la furieuse ironie des combattants et du peuple français qui se seront battus « pour le roi de Prusse », expression demeurée fameuse avec son corollaire « bête comme la paix ». Pourtant Louis XV avait fait preuve de plus de sagesse que son aïeul Louis XIV dont les guerres de conquête et l’acceptation de la succession d’Espagne avaient saigné la France par 40 ans de conflits. Au soir de la bataille de Fontenoy, il admonesta le Dauphin qui se réjouissait bruyamment de la victoire en lui disant « Le sang de nos ennemis est aussi le sang des hommes. La vraie gloire est de l’épargner ». 

mercredi 29 avril 2015

19 octobre 1781  : Yorktown


de Grasse, Rochambeau, La Fayette et Washington sonnent le glas de la domination anglaise de l'Amérique.

L'insurrection américaine contre la colonisation anglaise avait connu un tournant en 1777 après la victoire de Saratoga qui donnait aux Patriotes une crédibilité internationale. L'aide française, jusque
là organisée en sous-main (sous forme notamment d'expédition d'armes par Beaumarchais !) se transforme en un traité d'alliance offensive et défensive conclu avec Franklin le 6 février 1778. En 1778, le général anglais Henri Clinton, qui commandait les forces anglaises au Nord, fut obligé d'évacuer Philadelphie, d'où il avait chassé les patriotes américains qui y avaient établi le Congrès, pour aller préparer la défense de New York dans l'éventualité d'une attaque de la marine française. Pendant deux ans, une série de batailles vit alternativement des victoires (Monmouth, Stoney Point) et des défaites (Savannah, Charlestown) des insurgés. En juillet 1780, le corps expéditionnaire français aux ordres de Rochambeau débarque à Newport. Les anglais avaient porté la guerre dans le Sud, réputé plus favorable à l'occupation anglaise, mais, après une série de revers, notamment face aux volontaires de La Fayette, le général Cornwallis avait été refoulé, avec son armée de 8 000 hommes en Virginie, dans la ville de Yorktown où il attendait des renforts de la marine anglaise. L'action décisive de de l'amiral de Grasse qui met en fuite l'escadre anglaise de l'amiral Graves à la bataille de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781, referme le piège sur Cornwallis, désormais assiégé et canonné par terre et par mer. Il capitule le 19 octobre et les troupes anglaises vaincues défilent entre l'armée de Rochambeau et celle de Washington (tableau de John Trumbull).
Cette défaite décisive décourage l'Angleterre, harcelée par ailleurs aux Indes et en Méditerranée par les attaques françaises et espagnoles, et l'amène à demander la paix et accorder l'indépendance aux Etats-Unis d’Amérique (traité de Versailles).


dimanche 19 avril 2015

22 avril 1915 ; deuxième bataille d’Ypres : l’horreur des gaz !


Après l’échec de l’offensive allemande visant à tourner le flanc ouest des armées anglo-françaises pour couper les liaisons de l’armée anglaise avec l’Angleterre en occupant les ports de  Dunkerque et Calais, le front s’était stabilisé autour de la ville d’Ypres, saillant dans la ligne de front allemande.

Le 22 avril les Allemands lancent une attaque où pour la première fois ils vont utiliser massivement les gaz de combat. Des centaines de diffuseurs de chlore ont été disposés au vent des lignes françaises et d’épais nuages jaunâtres vont dériver et submerger  les tranchées françaises au nord du saillant d’Ypres. La surprise est totale, aucune protection respiratoire n’existe dans les armées alliées. Suffoqués, terrorisés, voyant mourir leurs camarades par centaines, les Français, ne pouvant rester dans les tranchées, vont s’enfuir vers l’arrière. La brèche ouverte devant les troupes allemandes sera dans un premier temps colmatée par les troupes belges et par les Canadiens, récemment débarqués en France. Les Français remonteront à l’assaut mais le terrain perdu ne pourra pas être totalement reconquis. Les pertes dues au chlore se chiffrent par milliers, dont 20 % de morts immédiates par œdème pulmonaire. Les intoxiqués évacués garderont de graves séquelles pulmonaires et oculaires. Ils seront les premiers des  « gazés » de la grande guerre. Rapidement les Alliés se lanceront dans la production de gaz de combat, mais les Allemands garderont une courte avance, notamment en mettant au point le gaz moutarde, la trop célèbre ypérite, ainsi nommée car elle sera utilisée pour la première fois lors de la troisième bataille d’Ypres en septembre 1917. 

dimanche 8 mars 2015

Indochine 9 mars 1945 : ultime soubresaut de l’expansionnisme et de la barbarie japonais en Orient.



La présence française en Indochine dont l’administration était restée fidèle au gouvernement de Vichy, avait été maintenue au prix de concessions au Japon, qui y stationnait des troupes pour contrôler la frontière avec le Yunnan contre les troupes de Chang Kaï-chek  et utilisait les ports indochinois pour le ravitaillement du Japon.
Les japonais décidèrent en mars 1945 de prendre la souveraineté de l’Indochine française, seul territoire de la péninsule indochinoise qui n’était pas sous sa domination. Les troupes françaises stationnées en Indochine étaient peu nombreuses, mal armées et mal approvisionnées. Elles représentaient néanmoins un obstacle que les japonais décidèrent contourner par traîtrise. Le 9 mars 1945, les représentants civils et militaires de la France  dans les principales villes furent invités par les Japonais à un banquet et emprisonnés ou exécutés. Cependant, la plupart des garnisons françaises refusèrent la reddition et se battirent jusqu’à épuisement de leur munitions ; la plupart des prisonniers français, soldats, sous-officiers et officiers français furent massacrés à la baïonnette ou décapités, comme à Lang-Son où le général Lemonnier, capturé, refusa de donner à la garnison de la citadelle l’ordre de cesser le feu, alors qu’on décapitait sous ses yeux un sous-officier et l’administrateur civil. Il fut décapité à son tour et tous les français de la garnison, qui se battirent jusqu’à épuisement des munitions, furent également massacrés, tandis que les femmes des officiers et sous-officiers étaient livrées à des viols collectifs de japonais, puis exécutées ainsi que leurs enfants. Ces atrocités se reproduisirent en de multiples endroits. Seul un contingent français du Nord-Tonkin, sous le commandement du général Alessandri  réussit à s’échapper jusqu’à la frontière chinoise au prix de durs combats de jungle contre les poursuivants japonais qui avaient mis à prix 1000 piastres la tête de chaque français. Les militaires français prisonniers qui n’avaient pas été massacrés furent regroupés dans des camps de concentration où beaucoup mourront de dénutrition et maladie.

Jusqu’à la capitulation du Japon, l’armée japonaise se sera comportée, dans les territoires conquis avec la férocité et la barbarie inaugurées à Nankin en 1937. 

dimanche 22 février 2015


Pavie, 24 février 1525 : François 1° vaincu par lui-même.



En 1525, l’enjeu des guerres d’Italie s’était déplacé d’une revendication d’héritages, initiée par Charles VIII en 1494 à l’inauguration de la lutte française contre l’encerclement par l’empire Espagnol, qui ne s’achèvera qu’avec le traité des Pyrénées en 1659.

En 1521 la France avait attaqué simultanément aux Pays-Bas et en Navarre, échouant sur ces deux fronts et provoquant l’alliance anglo-espagnole. Après l’échec du siège de Marseille en septembre 1524 par Charles de Bourbon, rallié à Charles Quint, l’armée espagnole se replie vers l’Italie poursuivie par François 1° qui franchit les Alpes avec une armée de 40 000 hommes. L’armée espagnole en retraite est bousculée devant Milan déclarée ville ouverte après que la garnison s’était repliée devant l’avance française. Les maréchaux français Florange et La Palice qui voulaient poursuivre les espagnols en retraite vers Lodi sont arrêtés par ordre de François 1°, mal conseillé par Bonnivet, un ami d’enfance qu’il avait nommé commandant en chef mais qui n’avait pas de réelle compétence militaire, à la différence de ces deux maréchaux ainsi que des autres chefs français et alliés qui étaient tous d’avis de poursuivre et détruire les impériaux en continuant sur Lodi où la ville n’était pas en état de soutenir un siège. François 1° décide d’aller assiéger Pavie, l’ancienne capitale Lombarde, alors que cette ville est bien fortifiée et défendue par une solide garnison de 16 000 hommes sous les ordres d’un chef espagnol énergique, Antonio de Leyva. Le siège, commencé fin octobre va se poursuivre pendant 3 mois, tandis que les Espagnols reconstituent leur armée et reçoivent des renforts qui vont leur permettre de venir attaquer les Français retranchés dans un parc au Nord de Pavie. Malgré les conseils de ses maréchaux, et suivant toujours l’avis de Bonnivet, François 1° refuse de lever le siège. À l’aube du 24 février, les Espagnols ouvrent des brèches dans le mur d’enceinte qui protégeait le camp français, et attaquent en plusieurs endroits. L’attaque principale, qui avait pour but de faire jonction avec une sortie des assiégés, est prise de flanc par l’artillerie française qui fait des ravages. Voyant cela et pensant pouvoir parachever la victoire par une glorieuse charge, François 1° se met à la tête de la cavalerie lourde française et se précipite sur les espagnols, s’interposant entre eux et l’artillerie, qui doit cesser le tir. Les lourds cavaliers français se retrouvent encerclés par des arquebusiers à pied, beaucoup plus mobiles, qui font un carnage d’hommes et de chevaux. François 1°, un colosse pour l’époque, réussit à se relever après que son cheval a été abattu et se défend avec acharnement jusqu’à ce qu’il soit submergé par la masse des espagnols. C’est alors une déroute totale pour l’armée française qui perdra plus de 10 000 hommes, ses meilleurs chefs de guerre et toute son artillerie ; la responsabilité de ce désastre incombe à François 1° qui, mal conseillé par Bonnivet, a commis une première faute stratégique en n’exploitant pas son avantage initial devant Milan, une seconde en refusant de lever le siège de Pavie et une faute tactique lors de l’assaut espagnol en lançant sa charge sans avoir de vue générale de la bataille et en masquant son artillerie. Emprisonné un an à Madrid, il ne sera libéré qu’après de lourdes concessions territoriales et financières à Charles Quint mais reprendra la lutte dès 1526, et, après lui, son fils Henri II, jusqu’au traité du Cateau-Cambrésis qui consacrera l’hégémonie des Habsbourg (…et « rendra » la Corse à Gênes). 

vendredi 6 février 2015

15 février 1855 : le naufrage de la Sémillante




La Sémillante était une frégate de premier rang de la marine impériale construite en 1841. Surclassée par l’avènement des navires à vapeur, elle avait été affectée aux fonctions de transport de troupes et ravitaillement. Le 14 février, sous les ordres du commandant Jugan, elle avait quitté Toulon pour amener aux troupes coalisées qui affrontaient les Russes en Crimée des renforts en soldats et munitions. Outre l’équipage de près de 300 hommes, elle avait embarqué 400 fantassins destinés à renforcer le contingent Français. Le 15 février elle arriva à hauteur des Bouches de Bonifacio alors que sévissait une terrible tempête de Sud-Ouest. Le  Commandant du phare de la Testa, pointe Nord-Ouest de la Sardaigne, fut le dernier à voir le vaisseau, qu’il estima victime d’une avarie de barre, embouquer le détroit sous voilure réduite. On pense que le Commandant Jugan, marin expérimenté qui connaissait bien les parages, tentait ainsi de mettre son navire à l’abri en passant sous le vent de côte Sarde. La force de la tempête et la possible avarie de barre empêchèrent cette manœuvre désespérée, et poussée par des vents furieux dans une mer fumante d’écume,  la Sémillante vint se fracasser sur le rocher de l’Acharino, au Sud de l’archipel des Lavezzi. Il n’y eut aucun survivant et, sur les quelques 600 corps déchiquetés qui furent rejetés à la côte, seuls celui du commandant Jugan et de l’aumônier du bord purent être identifiés, par leurs insignes. Ce désastre humain reste présent dans la mémoire collective des Bonifaciens et de tous les marins. Il a donné aux Bouches de Bonifacio leur juste réputation de parage dangereux. En 1993 les gouvernements Italien et Français ont décidé d’interdire à leurs navires transportant des substances dangereuses d’emprunter le détroit mais cette décision ne s’appliquait pas aux navires d’autres nationalités. Depuis 2011, l’Organisation Maritime Internationale a classé les Bouches de Bonifacio en « zone maritime particulièrement vulnérable »  ce qui doit permettre de renforcer les mesures de contrôle des navires à cargaison dangereuse.

lundi 19 janvier 2015



L’histoire est un éternel recommencement !


Un émissaire de l’empereur Frédéric Barberousse décrivait ainsi, en 1175, une secte sanguinaire :
 Sachez, qu'aux confins de Damas, d'Antioche et d'Alep, il existe dans les montagnes une certaine race de Sarrasins qui, dans leur dialecte, s'appellent Heyssessini, et en romain, segnors de montana. Cette race d'hommes vit sans lois ; contre les lois des Sarrasins et disposent de toutes les femmes, sans distinction, y compris leurs mère et sœurs. Ils vivent dans les montagnes et sont presque inexpugnables car ils s'abritent dans des châteaux bien fortifiés. [...] Ils ont un maître qui frappe d'une immense terreur tous les princes sarrasins proches ou éloignés, ainsi que les seigneurs chrétiens voisins, car il a coutume de les tuer d'étonnante manière. [...] De leur prime jeunesse jusqu'à l'âge d'homme, on apprend à ces jeunes gens à obéir à tous les ordres et à toutes les paroles du seigneur de leur terre qui leur donnera alors les joies du paradis parce qu'il a pouvoir sur tous les dieux vivants. On leur apprend également qu'il n'y a pas de salut pour eux s'ils résistent à sa volonté. [...] Alors, comme il leur a été appris et sans émettre ni objection ni doute, ils se jettent à ses pieds et répondent avec ferveur qu'ils lui obéiront en toutes choses qu'il donnera. Le prince donne alors à chacun un poignard d'or et les envoie tuer quelque prince de son choix»


Bernard Lewis (trad. Annick Pélissier, préf. Maxime Rodinson), Les Assassins : terrorisme et politique dans l'Islam médiéval , Bruxelles, Ed. Complexe, coll. « Historiques » (no 3)