samedi 15 novembre 2014

7 mai 1954 : 


À Dien Bien Phu le piège s’est refermé le 28 mars quand la piste d’atterrissage, artère vitale du camp retranché est rendue inutilisable par les canons du Viet-Minh, que personne n’avait jugé possible d’acheminer autour du camp.
Le général Navarre pensait rééditer le succès de Na San, où les assauts de Giap avaient été écrasés par l’artillerie et l’aviation françaises. Mais les conditions n’étaient plus les mêmes. L’aide massive de la Chine communiste au Viet-Minh, en matériel et en conseillers militaires et l’éloignement de Dien Bien Phu, des bases aériennes françaises avaient modifié la donne. Grâce à une formidable mobilisation humaine, Giap avait constitué une logistique que personne ne pensait réalisable et acheminé autour du camp tout l’approvisionnement nécessaire à un siège et, surtout, des moyens lourds en artillerie. Les canons furent hissés à bras sur les collines entourant la plaine de DBP et cachés dans des alvéoles creusés face au camp retranché, d’où ils sortaient pour tirer et rentraient avant que les salves de contre batterie du camp n’aient pu les détruire.
Dès le début des combats, le 13 mars, l’artillerie Viet-Minh démontra sa présence et son efficacité.
Les combattants du camp réalisèrent que leur principal atout venait de disparaître. Le colonel Piroth, commandant l’artillerie, comprit aussitôt que l’inefficacité de ses canons, qu’il n’avait pas jugé nécessaire de mettre sous abri, condamnait le camp retranché ; il se suicida avec une grenade.
La suite ne fut qu’une longue agonie, où le camp retranché, sous perfusion de parachutages de plus en plus difficiles à cause de la DCA ennemie, fut étouffé peu à peu par le réseau de tranchées des soldats de Giap.

Le calvaire des défenseurs de Dien Bien Phu, qui restèrent sous le feu pendant 8 longues semaines sans espoir d’évacuation ne cessa pas avec la fin des combats. La longue marche vers les camps de prisonniers, la dénutrition et l’absence de soins médicaux dans les camps (quand ce ne furent pas des exécutions sommaires, notamment pour les soldats vietnamiens combattant avec les français), causèrent la mort des deux tiers des 11 700 prisonniers. C’est une tache qui ternit cette grande victoire du Viet-Nam dans sa lutte pour l’indépendance dont personne aujourd’hui ne conteste la légitimité. Les pertes vietnamiennes n’ont jamais été connues avec précision, entre 4 000 et 10 000 morts et 10 000 à 20 000 blessés et disparus selon les estimations.

15 novembre 1914  : fin du premier épisode de la bataille des Flandres

bataille de l'Yser et 1° bataille d'Ypres.



Après le coup d'arrêt subi sur la Marne, les Allemands tentent de déborder le front par le nord-ouest, ce qui leur permettrait d'occuper les ports du Nord de la France par où débarquent les troupes et le ravitaillement de l'armée anglaise. C'est la dernière étape de la course à la mer. Au bout de la ligne se situe le petit fleuve côtier de l'Yser, où ce qui reste de l'armée belge, renforcée de 3 divisions françaises (dont l'une commandée par le général Paul-François Grossetti) et de la brigade de fusiliers marins nouvellement constituée sous les ordres de l'amiral Ronarc'h, va opposer une résistance héroïque aux coups de boutoirs allemands. L'écrasante supériorité allemande en effectifs et artillerie va néanmoins inexorablement user les défenses alliées. Le commandement franco-belge décide alors de recourir à l'inondation et grâce aux éclusiers belges qui ouvrent les portes à marée montante, la plaine submersible autour de l'Yser se transforme en marécage. L'armée alliée se replie derrière le talus de la voie de chemin de fer Nieuport-Dixmude (Foch dira  : ce talus de 1,20 m nous a sauvés  !) et les derniers assauts allemands s'enlisent. La poussée allemande se concentre alors sur Ypres, tenue par les anglais du général French où les allemands concentrent une formidable force d'assaut, avec une supériorité numérique initiale évaluée à 5 contre 1 et d'énormes moyens d'artillerie lourde  ; mais les alliés vont rapidement étoffer la défense autour d'Ypres où viennent s'ajouter aux forces anglaises et belges (400 000 hommes au total) prés de 4 millions de combattants français. Les allemands avaient sous estimé la capacité de renfort des alliés et l'empereur Guillaume  II avait même prévu une entrée triomphale à Ypres début novembre, pour proclamer l'annexion de la Belgique. Las, tous les assauts allemands vont s'épuiser sur les défenses alliées et le 5 novembre, le Kaiser quittera le champ de bataille. Deux furieux assauts allemands les 10 et 11 novembre seront arrêtés à Ypres et Dixmude, puis les combats diminueront d'intensité et cesseront à partir du 15 novembre. Les pertes humaines ont été terribles, évaluées à 140  000 hommes dans chaque camp, laissant les combattants exténués et démoralisés.

Le répit ne sera que de courte durée et malgré l'épisode de la «  trève de Noël  » entre Anglais et Allemands près d'Ypres ravagée, la fureur meurtrière reprendra au printemps 1915, pour la 2°  bataille d'Ypres.  

dimanche 9 novembre 2014

altissima aghja


au col de Foata, cette aire de battage est à 990 m d'altitude, à plus de deux heures de marche de Rutali.

2 décembre 1805 Austerlitz

Napoléon foudroye la 3° coalition


La violation du traité d’Amiens par l’Angleterre avait rendu inéluctable la reprise des hostilités en Europe. En réponse aux préparatifs d’invasion de l’Angleterre par la grande Armée constituée à Boulogne, le 1° ministre anglais William Pitt, farouche opposant de la France depuis la défaite de la guerre d’indépendance américaine, reconstitue une coalition, avec l’Autriche et la Russie (ces dernières fourniront les combattants et l’Angleterre l’argent). La Prusse montre des velléités de s’y joindre. Devant les menaces qui s’accumulent et conscient que la pusillanimité de l’amiral Villeneuve, terré à Cadix, ne permettra plus d’assurer le passage de la Manche, Napoléon fait opérer une volte-face à l’armée de Boulogne, qui par un chef d’œuvre d’organisation logistique, va atteindre le Rhin à marche forcée en moins d’un mois. L’objectif est de libérer la Bavière, envahie par les Autrichiens du général Mack en août, et d’atteindre Vienne avant que l’armée Russe ait fait sa liaison avec l’armée Autrichienne, ce qui aurait donné à la coalition une écrasante supériorité numérique. Par une habile manœuvre de contournement, Napoléon contraint Mack à se réfugier dans Ulm où il devra capituler le 20 octobre avec 25 000 hommes, dont l’absence pèsera lourdement à Austerlitz. Ce prélude victorieux à l’affrontement final a été gagné essentiellement par les pieds des soldats, avec une remarquable économie de pertes humaines pour les Français. L’armée française se dirige alors vers Vienne, pour forcer l’armée russe de Koutouzov au combat, mais celui-ci, inaugurant une tactique qui ne lui réussira que bien plus tard, préfère faire retraite vers le Nord sans défendre Vienne malgré les supplications de l’Empereur François II. Koutouzov fait jonction avec la 2e armée russe du général Buxhowden et le corps autrichien du prince de Lichtenstein à Olmütz en Moravie, ce qui porte les forces de l’armée coalisée à 86 000 hommes et 280 canons. L’armée française à sa poursuite arrive à Brünn (Brno) le 21 novembre ; elle ne compte que 75 000 hommes et 140 canons, car Napoléon a dû laisser face à l’Archiduc Charles remontant d’Italie, 60 000 hommes (Masséna, Ney et Marmont) et en couverture de Vienne 27 000 hommes de Davout et Mortier. Néanmoins, confiant dans la supériorité morale de ses troupes et son habileté stratégique, il décide d’amener les coalisés à livrer bataille sur le site d’Austerlitz qu’il a choisi. C’est un quadrilatère de 12 km sur 8, limité à l’ouest par la route Brünn-Vienne, au nord par la route Brünn-Olmütz, traversé par deux ruisseaux qui contournent un petit plateau, le plateau de Pratzen, élément clé de la bataille, et fermé au sud par des étangs gelés. Austerlitz est à l’est, derrière les forces coalisées après le début de l’engagement. Napoléon va faire croire à l’ennemi qu’il redoute la bataille et songe à la retraite, notamment en retirant ses troupes du plateau de Pratzen. Il escompte que les coalisés vont occuper cette position favorable, pour fondre sur la droite de l’armée française, afin de couper à Napoléon la retraite vers Vienne. Celui-ci a l’intention de jeter alors le gros de ses forces, le 4° corps de Soult, sur l’armée russe descendant du plateau de Pratzen pour attaquer la droite française, qu’il a fait renforcer par le 3° corps de Davout remonté en hâte de Vienne. En fait les Russes, dans la nuit font mouvement vers le sud pour envelopper la droite française et Napoléon, informé de ce mouvement modifie son plan de bataille et décide de lancer plutôt le corps de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen pour couper en deux l’armée coalisée. Au matin le combat s’engage contre la droite française retranchée dans le village de Telnitz ou le corps de Davout et la division de Friant réussissent à contenir l’ennemi. Au lever du soleil, lorsqu’il apparaît que la gauche et le centre de l’armée coalisée sont descendus du plateau, Napoléon lance les forces de Soult à l’assaut du plateau de Pratzen. Malgré les efforts désespérés des russes pour revenir sur le plateau et fermer la brèche, la tenaille française se referme sur le gros de l’armée ennemie. Une ultime charge des chevaliers-gardes russes sur le flanc de la division de Vandamme qui pivote pour refermer le piège est bousculée par la cavalerie de la garde, grenadiers, chasseurs et mameluks emmenés par Rapp. Pour l’armée coalisée, à l’exception du corps de Bagration à droite du dispositif, sur la route d’Olmütz, qui parviendra à faire retraite, c’est un désastre complet, les fuyards se bousculent et s’enlisent dans les étangs du sud du plateau. Les français déplorent 1 600 morts et 7 000 blessés alors que les coalisés perdent 4 000 morts, 12 000 blessés, 11 000 prisonniers et 180 canons (dont le bronze constituera la colonne Vendôme).

La 3° coalition a vécu, et Pitt fera décrocher du mur de son bureau la carte d’Europe en disant « roulez-la, elle ne servira plus avant 10 ans » ; il mourra 3 mois plus tard.

19 octobre 1781  : Yorktown

de Grasse, Rochambeau, La Fayette et Washington sonnent le glas de la domination anglaise de l'Amérique.



L'insurrection américaine contre la colonisation anglaise avait connu un tournant en 1777 après la victoire de Saratoga qui donnait aux Patriotes une crédibilité internationale. L'aide française, jusque
là organisée en sous-main (sous forme notamment d'expédition d'armes par Beaumarchais !) se transforme en un traité d'alliance offensive et défensive conclu avec Franklin le 6 février 1778. En 1778, le général anglais Henri Clinton, qui commandait les forces anglaises au Nord, fut obligé d'évacuer Philadelphie, d'où il avait chassé les patriotes américains qui y avaient établi le Congrès, pour aller préparer la défense de New York dans l'éventualité d'une attaque de la marine française. Pendant deux ans, une série de batailles vit alternativement des victoires (Monmouth, Stoney Point) et des défaites (Savannah, Charlestown) des insurgés. En juillet 1780, le corps expéditionnaire français aux ordres de Rochambeau débarque à Newport. Les anglais avaient porté la guerre dans le Sud, réputé plus favorable à l'occupation anglaise, mais, après une série de revers, notamment face aux volontaires de La Fayette, le général Cornwallis avait été refoulé, avec son armée de 8 000 hommes en Virginie, dans la ville de Yorktown où il attendait des renforts de la marine anglaise. L'action décisive de de l'amiral de Grasse qui met en fuite l'escadre anglaise de l'amiral Graves à la bataille de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781, referme le piège sur Cornwallis, désormais assiégé et canonné par terre et par mer. Il capitule le 19 octobre et les troupes anglaises vaincues défilent entre l'armée de Rochambeau et celle de Washington (tableau de John Trumbull).

Cette défaite décisive décourage l'Angleterre, harcelée par ailleurs aux Indes et en Méditerranée par les attaques françaises et espagnoles, et l'amène à demander la paix et accorder l'indépendance aux Etats-Unis d’Amérique (traité de Versailles).  

26 mai – 10 juin 1942 :  Bir Hakeim 

la France combattante renaît de ses cendres en se mettant en travers de la route de Rommel


Sévèrement étrillée par les forces Italiennes et Allemandes en Tunisie, la 8° armée Britannique, en charge de protéger l’Égypte et le Canal de Suez, s’est retranchée sur une ligne de défense nord-sud appuyée au nord sur la place forte de Tobrouk. Le verrou sud de cette ligne est confié à la 1° Brigade française libre commandée par le général Kœnig. Cette brigade est un extraordinaire amalgame de Français « métropolitains » et de représentants de la France d’Outre-Mer comprenant des Africains du bataillon de marche de l’Oubangui Chari, des Républicains espagnols constituant l’essentiel d’un des deux bataillons de Légion, des combattants du Pacifique (Tahitiens et Néo-Calédoniens), et une compagnie Nord-Africaine (Algériens, Tunisiens et Marocains). Tous sont animés d’une même combativité et ils sont encadrés par des chefs charismatiques. Le site dévolu à la 1° BFL est un désert rocailleux dépourvu de toute défense naturelle. Koenig, impose à tous de creuser dans le roc des emplacements de défense, individuels et d’artillerie, ce qui va sauver les combattants quand les obus et bombes tomberont par milliers sur le camp retranché. L’autre trouvaille est la conversion d’une partie des canons de 75 en canons anti-chars qui vont se révéler d’une efficacité mortelle sur les chars de l’Axe.
Rommel a prévu de contourner le dispositif Britannique par le Sud, pour prendre à revers la ligne de défense. Le 26 mai, il lance son offensive en contournant Bir-Hakeim qu’une division blindée italienne doit neutraliser au passage. Le 27 mai l’attaque de cette division est pulvérisée par l’artillerie et la défense antichar du camp. Les Italiens, qui se sont courageusement battus, perdent la moitié de leur chars. Dans les jours qui suivent, les raids motorisés à partir du camp détruisent plusieurs chars allemands et un camp de ravitaillement et réparation de l’Axe. Rommel comprend qu’il ne peut continuer son offensive en laissant sur ses arrières cette menace et revient en personne commander l’assaut combiné des forces de l’Axe sur la position Française soumise dès lors à un bombardement incessant de la Luftwaffe. Sous ce déluge de de feu les Français libres qui se battent à 1 contre 10 résistent et rendent coup pour coup, empêchant ainsi l’offensive prévue par Rommel et permettant aux Anglais de recevoir les renforts qui vont leur permettre de résister victorieusement à El Alamein.
Le 10 juin, les Français libres, à court de munitions et d’eau, apprennent qu’ils peuvent abandonner la position devenue inutile. Une sortie en force de nuit leur permet de rejoindre un dispositif de recueil anglais.
Ce fait d’Armes , qui a stupéfié les Allemands et les Anglais (dont la garnison de Tobrouk, forte de 30000 combattants, attaquée le 20 juin par des forces équivalentes se rendra le lendemain !) impose la France libre et le Général de Gaulle comme une force avec et sur laquelle il faudra désormais compter.


.

dimanche 26 octobre 2014

1° novembre 1347 : la peste débarque à Marseille et dévaste l’Europe.





Elle était partie de Caffa, sur les bords de la mer noire, comptoir génois assiégé par les tatars. À la levée du siège les navires génois emportèrent avec leur cargaison les rats infestés. Gênes et Marseille furent atteints à la Toussaint, la Corse en janvier 1348. De Marseille, elle se répandit par la vallée du Rhône vers le Nord et par le littoral vers le Sud-Ouest. En juin 1348 elle atteignit Lyon et Bordeaux, d’où les navires l’emportèrent en Angleterre et à Rouen. Elle remonta alors la vallée de la Seine et atteignit Paris fin août. En 1349 tous les pays d’Europe étaient frappés par le fléau et comptaient les morts par millions (30 à 50 % de la population selon les pays). La méconnaissance de la cause de la maladie et de son mode de propagation permirent l’éclosion de toutes les rumeurs, en particulier celle qui accusait les juifs d’empoisonner les puits, ce qui conduisit à des massacres dans toute l’Europe ; les juifs furent jetés dans les puits, noyés, ou brulés vifs. On vit se développer des sectes de flagellants qui parcouraient les villes en se fouettant et en exhortant les foules à se repentir. Condamnés par l’Église, ces mouvements connurent des  renaissances sporadiques comme en Corse en 1354 avec la secte des Ghiuvannali. Partout en Europe la peste imprégna profondément l’inconscient collectif et le fait religieux avec, en particulier l’apparition du thème  de danse macabre dans de très nombreuses églises.

Du 4 au 14 octobre 1582 = néant !




Depuis Jules César, les pays européens vivaient selon la chronologie du calendrier établi en 46 avant J.-C par Jules César. Le départ du décompte fut fixé sur le premier janvier suivant la naissance du Christ par les chrétiens à partir du VI° siècle. Pour compenser le décalage avec l’année solaire (365,2422 jours) on ajoutait un jour tous les 4 ans, en nommant année bissextile  cette année augmentée d’un jour. Les romains avaient jugé négligeable l’écart entre 0,25 et 0,2422, mais ce petit excédent, accumulé sur des siècles, aboutit à un décalage de 10 jours au XVI° siècle, avec pour principale difficulté, la détermination du jour de Pâques. Le Pape Grégoire XIII décida donc en 1582 d’annuler la différence en supprimant 10 jours : le lendemain du jeudi 4 octobre fut le vendredi 15 octobre. Pour éviter que le décalage ne recommence, on décida que les années séculaires, ne seraient bissextiles que si elles étaient divisibles par 400 (1600, 2000, 2400).

Ce nouveau calendrier ne fut pas adopté simultanément par tous les pays. Si les états catholiques l’adoptèrent en 1582 (le 20 décembre, lendemain du 9, en France), le contexte de guerre de religions créa des résistances notamment dans les états protestants qui préférèrent  «rester en désaccord avec le soleil, plutôt que d’être en accord avec le Pape » selon le mot de Kepler. Les états allemands, la Suisse, les Pays-Bas la Norvège et le Danemark n’adoptèrent le nouveau calendrier qu’en 1700, la Suède et la Finlande en 1733, l’Angleterre  en 1752. Cela donne quelques discordances historiques ; par exemple, Shakespeare et Cervantès morts le même jour (23 avril 1616) selon les calendriers de leurs pays respectifs sont en réalité morts à 10 jours d’intervalle.

dimanche 28 septembre 2014


7 octobre 1571 : Lépante, jour de deuil de l’empire Ottoman



L’empire Ottoman avait connu son apogée avec Soliman le Magnifique, mort en 1566. Son successeur Sélim II, décida de conquérir Chypre, possession de Venise et relais essentiel du commerce de celle-ci en Méditerranée. Inquiet de cet expansionnisme musulman, le pape Pie V décida de soutenir la lutte de Venise et mit toute son énergie à réunir une coalition, baptisée « Sainte Ligue ». Elle réunissait les flottes de Venise, d’Espagne, de la république de Gênes (avec des soldats et marins Corses), des états pontificaux, du duc de Savoie (3 galères niçoises) et des chevaliers de Malte. Le commandement en fut confié à Don Juan d’Autriche demi-frère du roi d’Espagne Philippe II. La flotte turque était abritée dans le Golfe de Patras, antichambre du Golfe de Corinthe.La flotte chrétienne se rangea en ordre de bataille à l’aube du 7 octobre : au centre Don Juan commandait l’escadre principale, à l’aile gauche le Vénitien Agostino Barbarigo, à l’aile droite Gian Andrea Doria, au total environ 200 galères et, nouveauté décisive, 6 galéasses, grosses galères à forte voilure, armées de canons fixes. La flotte turque, de 270 vaisseaux dont 210 galères, poussée par un vent favorable se déploya. Face à Don Juan, le « Kapudan » Ali Pacha, à droite, le gouverneur d’Égypte, Mohammed Sirocco, à gauche le corsaire Eudj Ali, renégat Calabrais, bey d’Alger.
D’emblée, les 6 galéasses placées devant la flotte chrétienne, dévastent par leur artillerie fixe de gros calibre l’infanterie turque massée sur les ponts des galères, assurant dès lors une supériorité décisive à la coalition pour le corps à corps qui suit l’abordage dans les combats navals de cette époque. Le deuxième facteur décisif est l’usage massif d’arquebuses par les fantassins embarqués sur les galères chrétiennes, alors que les turcs utilisent principalement des arcs. La galère amirale turque est prise dès le début de la phase d’abordage, Ali Pacha est tué et sa tête est hissée en tête de mât pour saper le moral des Turcs. À l’aile gauche le combat tourne également rapidement à l’avantage des galères de Barbarigo. Seule l’aile droite de Doria, à qui fut reproché son attentisme, aux prises avec le fin manœuvrier qu’est le corsaire Eudj Ali, laisse échapper l’adversaire, qui a ravagé les galères des chevaliers de Malte seuls à avoir donné l’assaut.
À part ces quelques galères, toute la flotte turque est prise ou coulée, ses pertes humaines sont terribles, 30 000 morts ou blessés, 4 000 prisonniers, dont beaucoup moururent en captivité.

Le retentissement et la liesse de la victoire furent énormes dans toute la chrétienté (sauf en France, alliée des Turcs contre l’Espagne). L’impact géostratégique réel resta modeste : Chypre était tombée en août, et Venise fit une paix séparée avec  les Turcs, lui en reconnaissant la possession ; la flotte turque fut rapidement reconstituée en vaisseaux, sous le commandement d’Eudj Ali et, 4 ans plus tard les Turcs reprirent définitivement Tunis à l’Espagne, consolidant leur pouvoir sur toute la rive sud de la Méditerranée. Il n’y eut plus de grand affrontement naval mais les corsaires barbaresques continuèrent leurs razzias sur les côtes chrétiennes pendant plus d’un siècle. 

vendredi 19 septembre 2014

22 septembre 1792 = 1er vendémiaire an I: 

« premier jour de l’ère des français »

 
La proclamation de la République avait été choisie comme premier jour du calendrier républicain. La naissance de la République remplaçait la naissance de l’ère chrétienne.
Le calendrier républicain ne fut mis officiellement en vigueur que le 15 vendémiaire an II  (6 octobre 1793) et fut abandonné le 1er janvier 1806 (aboli par décret Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805).

Nous serions aujourd’hui le  1er (primidi) vendémiaire 223.

mercredi 17 septembre 2014



Le 18 septembre 1554,

Sampieru  Corsu défait les Génois au col de Tenda.


La France d’Henri II, dans sa lutte contre l’Espagne de Charles Quint, projette de supplanter en Corse les Génois, alliés de l’Espagne. En 1553 grâce à l’allié Turc, dominateur en Méditerranée, un contingent français commandé par Sampieru débarque en Corse et organise le soulèvement contre l’occupant Génois commandé par Andrea Doria. Celui-ci quitte la Corse en 1554 en confiant le commandement à son lieutenant Spinola. Les Gênois tiennent Bastia, St-Florent, Calvi et Corte, cette dernière étant bientôt assiégée par les insurgés Corses. Pour leur venir en aide, les Génois font mouvoir les troupes des garnisons de Bastia et Calvi. Après plusieurs escarmouches et une bataille indécise à Belgodère où les Corses sont menés par Giacomosanto da Mare, les combattants Corses se regroupent et pourchassent les Génois qui veulent dévaster le Nebbiu. Après une bataille d’arrière-garde à Pietralba, les Génois veulent repasser en Nebbiu par le col de Tenda où Sampieru est en embuscade. Le combat tourne rapidement au désastre pour les Gênois qui perdent un millier d’hommes, tués, blessés et prisonniers, parmi lesquels Spinola et plusieurs des commandants Génois. Les Corses n’ont eu que peu de pertes mais déplorent la mort de Giacomosanto da Mare.

Après une trêve de 5 ans, la défaite française de Saint-Quentin amène au traité de Cateau-Cambrésis qui restitue à Gênes la main mise sur la Corse 

mardi 5 août 2014

Oiseaux de paradis



L'église San Michele de Murato est ouverte l'après-midi et on peut ainsi en voir l'intérieur.

Sur le linteau de la porte les paons vous accueillent. Dans la symbolique de l'art architectural médiéval, le paon, dont la chair était réputée imputrescible, figurait l'immortalité de l'âme.

lundi 28 juillet 2014

6 août 1284 : La république de Pise sombre à la bataille de la Meloria.



Au cours de la 2° moitié du XIII° siècle, la rivalité grandit entre Pise et Gênes, deux des « républiques marines » qui s’étaient alliées pour chasser les barbaresques de la méditerranée occidentale et développer un fructueux commerce. La Corse, sous double souveraineté pisane et génoises, cristallisait cet antagonisme. Simoncello, Giudice di Cinarca, soutenu par Pise s’oppose à Giovanninello di Loreto, partisan de Gênes. Battu, Simoncello se réfugie à Pise et prétend avoir été attaqué sans motif par les génois. Les deux républiques entrent en conflit sur mer à partir de 1282 mais, si les génois prennent le plus souvent l’avantage, aucun combat n’est décisif. En août 1284, les génois commandés par Oberto Doria décident d’en finir avec la flotte Pisane commandée par un podestat vénitien, Alberto Morosini. La flotte pisane s’est mise à l’abri à l’embouchure de l’Arno, barrée par des chaînes. Les génois sont en supériorité numérique et, pour faire sortir la flotte pisane, ils ne présentent qu’une partie de la flotte en vue des pisans devant l’îlot de la Meloria. L’autre partie, sous le commandement de Benedetto Zaccaria, reste en retrait, hors de vue des pisans (la longue vue ne sera inventée qu’un siècle plus tard). Les galères pisanes se lancent alors à l’assaut des galères génoises et le combat fait rage lorsque surgit Zaccaria sur le flanc des pisans. D’après la chronique, deux galères de Zaccaria, réunies par une chaîne balaient les superstructures et l’oriflamme de la galère amirale de Morosini. C’est la déroute de la flotte pisane, 5000 hommes sont tués, 9000 prisonniers sont emmenés dans les prisons gênoises (de là naquit le dicton cruel : « Chi vuol vedere Pisa, vada a Genova »,). Cette saignée porte un coup mortel à la cité dont le port sera détruit par les génois l’année suivante, les tronçons de la chaîne barrant l’embouchure de l’Arno seront répartis comme trophées dans les monuments gênois.
Gênes a dorénavant le champ libre en méditerranée et en Corse …

lundi 21 juillet 2014

27 juillet 1214 : BOUVINES

Consolidation définitive du royaume de France



Il y a 800 ans : le 27 juillet était aussi un dimanche et pourtant, malgré la trêve de Dieu, la première coalition de l’histoire européenne va essayer d’abattre la puissance naissance des capétiens du Royaume de France.
Jean-sans-terre avait formé contre Philippe Auguste  cette coalition avec Otton, l’empereur contesté d’Allemagne, Ferrand de Flandre et Renaud de Dammartin, comte de Boulogne. Lui-même avait piteusement battu en retraite devant l’armée confiée par Philippe à son fils, le futur Louis VIII, devant la Roche-aux-Moines. Philippe Auguste avait pris la tête de l’autre moitié de l’armée pour affronter les coalisés menaçant le royaume par le Nord-Est. En situation d’infériorité numérique, il prévoyait prudemment de se retrancher dans Lille. Otton décida d’attaquer l’arrière-garde française en repli, sans respecter la trêve du dimanche. Philippe Auguste fit alors effectuer une volte-face à son armée et se prépara à l’affrontement. Au centre, face à lui, l’empereur d’Allemagne, à l’aile gauche, Robert de Dreux et les alliés Bretons du roi de France opposés au félon Renaud de Dammartin et aux archers anglais du comte de Salisbury. À l’aile droite, le duc de Bourgogne fait face à Ferrand, comte de Flandre. C’est là que le sort de la bataille va se jouer car très rapidement les chevaliers français enfoncent le dispositif flamand et capturent Ferrand, ce qui leur permet de venir renforcer le centre français, tout d’abord malmené par l’assaut de l’infanterie allemande qui avait pour mission d’occire le Roi de France. Celui-ci  a même été désarçonné et dégagé in extremis par les chevaliers de sa garde rapprochée. Après la débandade de l’aile gauche des coalisés, l’aile droite française peut reporter ses efforts sur le centre allemand et met en fuite Otton dont les troupes se débandent à leur tour. Seul résiste à l’aile droite des coalisés le comte de Boulogne, qui finira lui aussi par rendre les armes. Le triomphe de Philippe Auguste est total. Il le doit à la vaillance de ses chevaliers, mais aussi, pour la première fois, à la participation des milices communales. Si l’on ajoute la participation active du clergé (frère Guérin, conseiller et véritable « chef d’état-major »de l’armée du roi, et l’évêque de Beauvais, frère du comte de Dreux), on voit se constituer les 3 piliers du Royaume de France. Cette victoire permet à Philippe Auguste d’asseoir définitivement l’autorité capétienne en son royaume, qui va prendre l’ascendant pour plus d’un siècle sur celui des plantagenêts. 

jeudi 10 juillet 2014

17 mars 1992 : fin de l’apartheid en Afrique du Sud




Nelson Mandela avait été emprisonné en 1964 à la suite d’un procès qui avait appelé l’attention et la réprobation du monde en entier sur la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud. Mandela devint ainsi le symbole de la lutte contre cette politique. Durant sa détention au bagne de Robben Island, dont les conditions très dures visent à briser toute volonté de résistance des prisonniers, la conscience politique et la détermination de Mandela se renforcent. Il organise des séances de réflexion et d’enseignement avec les autres prisonniers. Ces séances d’échange de connaissances, en politique, mais aussi en histoire et littérature, vont faire surnommer Robben Island  « Université Mandela ». Parallèlement, Mandela au lieu de refuser tout contact avec les représentants de l’oppression, s’entretient avec les gardiens, apprend l’histoire des Afrikaners  et même leur langue.  Progressivement, il va comprendre les racines historiques du comportement de ces descendants des Boers, dont la communauté avait lutté et enduré les pires souffrances depuis 2 siècles pour ce qu’elle pensait être sa « terre promise ». À sa grande force de caractère, Mandela, « Madiba » dans la langue de son ethnie, joignait une conception humaniste du monde. Il en vint ainsi progressivement à ne plus considérer les Afrikaans comme des colonialistes oppresseurs mais à des Africains « par le sang versé », avec qui il était possible d’envisager une cohabitation. Il avait compris que le fondement de la politique d’apartheid par les Afrikaans était la terreur de voir leur communauté submergée par la démographie de la communauté noire et définitivement anéantie. À partir du milieu des années 80, le gouvernement Sud-Africain, de plus en plus isolé internationalement, va nouer des contacts avec Mandela, transféré dans une prison du Cap. Avec l’arrivée à la tête du gouvernement de Frederik de Klerk, ce dialogue devient constructif et aboutit à l’élaboration d’une constitution transitoire et à la suppression progressive de toutes les lois de ségrégation raciale. Maintenant soutenu par Mandela, Frederik de Klerk organise en 1992 un référendum qui lui donne l’assentiment des deux tiers de la communauté blanche pour adopter une nouvelle constitution égalitaire. Le 17 mars, il peut annoncer au parlement du Cap et au monde «la fermeture du livre de l’apartheid ». Le prix Nobel de la paix récompensera ces deux hommes de bonne volonté mais l’histoire retiendra la grande leçon d’humanisme donnée par « Madiba ».

1899-1902 : deuxième guerre des Boers

Les Anglais inventent les camps de concentration


Après leur victoire sur les Anglais en 1881, les Boers du Transvaal et de l’état libre d’Orange avaient reconquis leur souveraineté. La découverte d’importants gisements d’or au Transvaal déclencha un afflux massif de britanniques provenant de la colonie du Cap et un regain de convoitise de l’Angleterre pour ces territoires. Le refus du gouvernement Boer de Paul Kruger d’accorder le droit de vote à ces « uitlanders » (étrangers), ce qui aurait, à terme, donné le pouvoir aux britanniques, fut le prétexte des menaces d’intervention militaire. Sachant que la guerre devenait inévitable, le Transvaal et l’état libre d’Orange passèrent à l’attaque, à la fin de l’année 1899, contre les colonies anglaises du Cap et du Natal. Les opérations leur furent d’abord favorables, grâce aux mêmes tactiques qui leur avaient donné la victoire lors de la première guerre, mais l’arrivée massive de renforts d’Angleterre, puis d’autres états de l’Empire britannique, notamment du Canada, permirent aux Britanniques de conquérir la capitale de l’état d’Orange, Bloemfontein, et celle du Transvaal, Pretoria. Les Anglais pensaient alors avoir remporté la partie, mais les Boers organisèrent alors une guérilla, attaquant les communications et les convois anglais. Pour lutter contre ces raids, Kitchener, chef des forces britanniques, inaugura une politique de terre brûlée, détruisant les fermes des Boers et déportant massivement les familles de combattants Boers dans de vastes camps dont la clôture était assurée par du fil de fer barbelé, d’invention récente. Les premiers camps de concentration étaient nés ! 120 000 femmes, enfants et vieillards y furent internés. D’autres camps regroupèrent les personnels noirs qui avaient travaillé dans les exploitations boers, que les britanniques considéraient comme de possibles alliés des boers. Dans les camps, la mortalité par maladies et malnutrition fut effroyable. Les femmes et enfants des combattants Boers identifiés avaient des rations encore plus réduites et les Anglais le faisaient savoir pour briser le moral des combattants. C’est cependant une infirmière Anglaise, Emily Hobbhouse, révoltée par  l’inhumanité de ces camps, qui dénonça ces pratiques. De retour en Angleterre, son rapport et ses déclarations à la presse suscitèrent  l’indignation et l’envoi d’une commission d’enquête qui imposa une amélioration des conditions de détention, sans remettre en cause leur existence même.
Épuisés militairement et moralement, les Boers abandonnèrent le combat et un traité mit fin au conflit en mai 1902, en plaçant les républiques Boers sous contrôle de l’empire britannique.
Cette guerre avait coûté aux Anglais et à leurs alliés plus de 20 000 morts, dont 8 000 environ tués au combat mais la plupart à cause de maladies, dont la typhoïde. Chez les Boers et les Noirs des républiques indépendantes, 6 000 combattants, 30 000 civils Boers dont 22 000 enfants et environ 20 000 noirs perdirent la vie.

Ces deux guerres, que les Afrikaans nomment « guerres de Liberté » ont profondément marqué l’inconscient collectif et doivent être gardées en mémoire pour comprendre les épisodes suivants de la genèse de l’Afrique du Sud. 

Genèse de l’Afrique du Sud, 2° acte : le premier conflit anglo-boer




Au cours du Grand Trek les boers avaient fondé, pour s’affranchir de la domination anglaise, la république indépendante du Natal (après avoir défait les Zoulous à la bataille de Blood River) mais elle fut rapidement annexée par l’Angleterre. Ils migrèrent alors vers l’Ouest et fondèrent les républiques indépendantes du Transvaal et d’Orange. La découverte de diamants sur les rive du Vaal, avaient entraîné un afflux d’immigrés anglais dans le Transvaal et tendu plus encore les relations entre les Boers et l’Angleterre, qui décida d’annexer le Transvaal en 1877. Les Boers se soumirent dans un premier temps car ils étaient alors sous la menace d’une attaque des Zoulous et ils laissèrent les anglais les vaincre en plusieurs batailles sanglantes (1 800 morts anglais, 8 000 morts zoulous). Puis la résistance Boer s’organisa progressivement sous l’action des dirigeants Boers (Piet Joubert, descendant de huguenots français, Marthinus Pretorius et Paul Kruger). Ils passèrent à l’action en décembre 1880, en assiégeant les garnisons et en attaquant les convois anglais. Les anglais croyaient venir facilement à bout des Boers mais ceux-ci  étaient organisés en commandos mobiles constitués d’excellents tireurs formés à la chasse dès leur plus jeune âge, montés sur leurs propres chevaux et connaissant toutes les subtilités du terrain. Ils infligèrent de lourdes pertes aux anglais en refusant le combat rapproché et en abattant les combattants de loin. À la bataille de Laing’s Neck le 28 janvier1881, les anglais perdirent 200 hommes dont 4 enseignes qui portèrent successivement le drapeau du régiment, cible de choix (jamais plus les anglais n’emportèrent leurs couleurs sur les champs de bataille). En trois batailles ils démoralisèrent le commandement et le gouvernement anglais et, après la dernière bataille (Majauba, 27 février 1881), un armistice puis un traité de paix furent signés, accordant aux Boers un gouvernement indépendant sous la tutelle théorique de la royauté britannique. Pour les Boers ce n’était qu’un répit, car la découverte des gisements d’or allait bientôt raviver les convoitises d’Albion… mais ceci est un autre épisode.

Dans la famille L’Herminier...

Jeanne dessinatrice d’espoir et fraternité

Dans la mémoire collective Corse, le nom de L’Herminier est associé à l’épopée du sous-marin Casabianca et de son commandant Jean L’Herminier, dont les navettes permirent à la résistance insulaire de prendre corps. Simultanément sa sœur Jeanne (« Jeannette ») entre dans un réseau de résistance qui prend en charge et exfiltre les aviateurs et agents de renseignement alliés. Arrêtée par la gestapo en septembre 1943, elle est déportée à Ravensbrück en février 1944. Ayant trouvé et dissimulé un crayon, elle commence à dessiner ses compagnes de détention, sur des carrés blancs de censure des journaux puis des couvercles de boîtes de munitions. Ses dessins, vont donner, avec les conférences et les petites chroniques de détention de Germaine Tillion, des raisons de vivre et d’espérer aux prisonnières du camp. Jeanne L’Herminier représentait ses compagnes de malheur sans les visages, qu’elle disait ne pas savoir dessiner, mais avec des silhouettes et des attitudes étonnantes de vérité qui permettaient à chacune de se reconnaître et d’exister dans cet univers de « Nuit et Brouillard » conçu pour effacer les personnalités et les êtres.
Les dernières prisonnières  du camp de Ravensbrück seront libérées avec l’arrivée de l’Armée rouge en avril 45 ; Jeannette fera ses derniers dessins de déportation dans le wagon qui les ramène en France.
La plupart des dessins de Jeanne L’Herminier ont été précieusement dissimulés par les prisonnières et rassemblés après la libération. Ils sont exposés avec des écrits de Germaine Tillion, au musée de la Résistance et de la Déportation à Besançon.
Prenez le temps de feuilleter en ligne l’émouvant livre électronique « les  Robes grises », témoignage de fraternité et d’espérance venu du fond de l’indicible horreur des camps.



mercredi 25 juin 2014

16 décembre  1838 : la bataille de Blood River, événement fondateur de l’Afrique du Sud.



La colonie du Cap, fondée au XVII° siècle par des émigrants hollandais rejoints par des huguenots français, avait été annexée par l’Angleterre en 1806. L’incompatibilité des aspirations des descendants des colons, les Boers (= paysans, avec une connotation biblique), avec la vision anglaise de « colonie- comptoir » avait conduit à de multiples incidents dus à la volonté des anglais d’imposer leur langue et leurs principes politiques aux colons implantés depuis plus d’un siècle. L’abolition de l’esclavage par les anglais en 1833 mit à mal les exploitations agricoles des Boers qui la vécurent comme une injustice. Ils décidèrent de quitter la région du Cap pour trouver d’autres territoires à défricher et y fonder des républiques indépendantes. Ce fut le « grand trek », nouvel exode vers une terre promise. Les migrants, dans de grands chariots tirés par des bœufs gagnèrent des territoires occupés par différentes tribus africaines. L’une de ces colonnes atteignit la région du Natal (région de l’actuel Durban) et les Boers négocièrent une coexistence pacifique avec les Zoulous qui dominaient la région. En février 1838, un des chefs Zoulous, Dingane, au prétexte de conclure le traité, attira les représentants des Boers dans son camp et les massacra, puis attaqua les camps Boers et extermina les familles des pionniers. Ceux qui purent s’échapper rejoignirent d’autres colonnes de Boers qui se regroupèrent autour d’Andries Pretorius, l’un des chefs d’expédition du grand Trek. En décembre, Pretorius fit prêter serment à ses compagnons de consacrer à Dieu le jour de la victoire sur les combattants de Dingane et de bâtir une Église. Le 16 décembre eut lieu la confrontation sur une rive de la rivière Ncome : 15 000 Zoulous attaquèrent les 500 Boers et 300 métis qui s’étaient organisés en défense derrière leurs chariots disposés en demi-cercle le long de la rivière, selon la technique défensive du « laager », popularisée plus tard par les westerns. Ainsi protégés et mieux armés, disposant de fusils et de quelques canons, les Boers firent un carnage des assaillants, dont le sang colora la rivière Ncome, qui devint « Blood River ». Plus de 3 000 Zoulous furent tués et les Boers mirent en fuite les partisans de Dingane puis reconnurent son frère comme nouveau roi et firent alliance avec lui.
Le 16 décembre est un jour férié en Afrique du Sud, célébré comme « jour du vœu » jusqu’en 1994, puis, depuis 1994, comme « jour de la réconciliation ». La capitale administrative de l’Afrique du Sud fut nommée Pretoria en l’honneur d’Andries Pretorius.  Le monument à sa mémoire près de sa ville natale, Graaf-Reinet, porte les symboles du grand trek, tête de bœuf et roue de chariot, avec une citation étrangement prémonitoire de Pretorius « Un jour la roue tournera dans notre monde et nous ne pourrons pas l’arrêter … ».




lundi 23 juin 2014

1° juillet 1863 : Gettysburg tournant tragique de la guerre de Secession.
La question de l’esclavage avait cristallisé l’opposition entre le Sud, dont l’économie fondée principalement sur l’exportation première du coton était dépendante de la main d’œuvre des esclaves et le Nord, industriel et plus protectionniste. L’élection d’Abraham Lincoln, dont le programme prévoyait l’abolition de l’esclavage, en 1860 déclenche la sécession des états du Sud.
Les hostilités commencent en avril 1861 et sont tout d’abord une série de victoires pour le Sud, dont les troupes sont mieux organisées et mieux commandées, avec à leur tête Robert E. Lee. Cependant celui-ci sait que le temps joue contre le Sud, à cause de la supériorité financière et industrielle de l’Union ainsi que de son potentiel en mobilisation de combattants. Il veut forcer la décision et, après une série de victoires sur les armées du Nord décide de porter la guerre au cœur de l’Union, en marchant sur les grandes métropoles nordistes, Philadelphie, Baltimore et Washington. Il pense, probablement à juste titre, que le choc psychologique qui résulterait de la prise de ces villes amènerait le Nord à traiter.
Les troupes de l’Union sont regroupées à l’est dans l’«armée du Potomac ». Le commandement vient d’en être confié à Georges G. Meade, après le limogeage de Joseph Hooker responsable de la déroute de Chancellorsville. Meade se porte à la rencontre des troupes sudistes et après un premier affrontement d’avant-gardes dans la ville de Gettysburg, choisit de retrancher ses troupes sur les collines situées au sud de la ville. Pendant trois jours, du 1° au 3 juillet, l’armée confédérée va essayer de faire sauter ce verrou par des attaques, dont la dernière, la charge de Pickett, lançant plus de 10 000 soldats à l’assaut du flanc nordiste parvient à enfoncer la ligne de défense avant d’être refoulée par une contre-attaque. Le point atteint par la brigade du général Lewis Amistead, qui sera mortellement blessé dans cet assaut, est la limite extrême de l’avancée sudiste («High Water Mark of the Confederacy») lors de cette guerre. L’échec de cet assaut contraint Lee à ordonner la retraite.
Les deux armées ont perdu près de 46 000 soldats dans ce qui restera le plus grand affrontement survenu sur le sol américain, dont 4 700 morts pour les Confédérés et 3 200 pour l’Union. Cependant ces pertes représentent 30 % des forces de Lee et 25 % des forces de Meade. L’avenir du conflit s’inscrit dans ces proportions, puisque le Nord ira en se renforçant tandis que le Sud ne pourra plus mener que des combats défensifs, à court de combattants et de logistique, car les batailles ultérieures, même indécises, accentueront ce déséquilibre jusqu’à la capitulation de Lee en avril 1865.
Quelques mois après la bataille, le président Lincoln rend un hommage, connu sous le nom de « Gettysburg Address » aux victimes des deux camps, dans lequel il transcende les enjeux du conflit dans ce qui peut être considéré comme le premier « discours de l’Union », où il proclame « la renaissance de la liberté - un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Le XIII° amendement abolissant l’esclavage sera voté à la chambre des représentants le 31 janvier 1865. Abraham Lincoln, investi pour son second mandat le 4 mars, sera assassiné le 14 avril, 5 jours après la fin officielle de la guerre civile.



samedi 21 juin 2014

Sur la route de Murato 


Coppa et Lonzu vous saluent bien ...
Encore une manifestation du particularisme Corse !




Cette jolie punaise arlequin (Graphosoma italicum), photographiée au lieu-dit "San Vitu" est jaune et noir en Corse, alors qu'elle est rouge et noir sur le continent (image en cartouche).
La livrée rouge et noir des insectes (pas des footballeurs italiens) indique aux prédateurs que le porteur est malodorant ou dégoûtant au sens propre, ce qui leur évite d'être ingérés puis recrachés. La livrée noir et jaune indique, elle, que le porteur est venimeux. Les entomologistes appellent cette utilisation de code-couleur l'aposématisme. Certains insectes opportunistes profitent de ces code-couleurs pour se protéger, bien qu'ils n'aient pas la particularité signalée ; on voit ainsi des mouches parfaitement inoffensives en livrée jaune et noir.
Il est intéressant de constater que notre punaise Corse, bien que naturellement inapte à la consommation par ses propriétés "dégustatives", préfère envoyer le message "attention je suis armée !".

Pour tout savoir sur la punaise arlequin :

jeudi 19 juin 2014


Qui s'y frotte s'y brûle


Dans vos balades d’été, méfiez vous de cette plante, le peucédan, de la famille du fenouil (a finochja) qui secrète une substance photosensibilisante ; c'est-à-dire que son contact n'est pas dangereux en soi, mais que toute exposition au soleil dans les minutes ou les heures qui suivent peut créer de sévères brûlures (du 2° degré avec phlyctènes).
Ici photographiée au lieu dit "La Mela", mais il y en a d'autres touffes autour de Rutali et dans le cap corse, notamment sur le chemin du Monte Stello, où j'en ai fait la douloureuse connaissance.  N'y touchez pas à main nue au soleil et ne vous y frottez pas les jambes ! Si vous vous apercevez que vous avez été en contact avec du peucedan par inadvertance, lavez abondamment aussitôt ou couvrez les zones exposées jusqu'à ce que vous puissiez laver la peau.
Voir la fiche de l'office de l'environnement de la Corse sur le lien

À propos de radioactivité :


La radioactivité c’est naturel !  Dans l'organisme d'un humain de 80 kg se produisent chaque seconde 10 000 désintégration d’atomes radioactifs (dont 6 000 de l'isotope 40 du  potassium) ; la radioactivité de cet humain est donc de 10 000 Bq. Ce même potassium 40 est présent dans l'eau de mer au taux de 13 Bq/l, c'est-à-dire 13 000 Bq/m3 : nous baignons dans la radioactivité au sens propre.  Cette radioactivité naturelle se concentre plus ou moins dans les aliments, avec quelques exemples :
Pomme de terre 150 Bq/kg, lait de vache, 60 Bq/kg, viande 100 Bq/kg, huile de table 180 Bq/kg, eau minérale 1 à 5 Bq/l, poisson 120 Bq/kg, crustacés 150 Bq/kg.
La radioactivité supplémentaire qui pourra être détectée sous forme de quelques Bq de césium 137 dans le poisson n'a pas de signification biologique. Le césium est un analogue du potassium (même colonne de la classification de Mendeleiv, émetteur beta et gammma comme lui, mais deux fois moins énergétique, donc avec de moindres effets biologiques).  Pas de quoi avoir les chocottes en mangeant du poisson...Il faut dire que le tintamarre médiatique laisse peu la place à l'expression des médecins spécialistes des rayonnements et de leurs effets sur l'homme. Il est aberrant de constater qu'on en est arrivé à faire beaucoup plus fort que couper les cheveux en quatre puisqu'on coupe l'atome (ce qui étymologiquement paraissait impossible) en 1000 en parlant de millibecquerel, pour nous indiquer la quantité d'iode radioactif mesurée en France (1 mBq/m3 = 1 atome d'iode dans 1000 m3 !) 
La radioactivité artificielle n'est pas différente de la radioactivité naturelle,et, la radioactivité du granite provient essentiellement de la désintégration de l'uranium qu'il contient. L'isotope 238 donne tous les produits de filiation du radon (dont le polonium 210 qui se concentre dans les crustacés que nous absorbons avec grand plaisir, alors que cet élément, à forte dose, avait fait grand bruit en 2006 quand il avait été utilisé pour assassiner un dissident russe) ; l'isotope 235, lors de sa  fission par un neutron de l'irradiation solaire naturelle, libère quant à lui tous les éléments radioactifs présents dans les déchets d'une centrale nucléaire. Ajoutons pour être complet que la capture d'un neutron solaire par l'uranium 238 donne du plutonium 239 et qu'il existe donc du plutonium naturel  dans votre jardin (la terre contient en moyenne 3 mg d'uranium par tonne) et bien plus dans terrains granitiques. Ainsi la Corse du Sud, granitique, est bien plus exposée que la Haute Corse, schisteuse (mais nous avons plus de rayonnement cosmique, on ne peut décidément pas y échapper).


lundi 16 juin 2014


24 juin 1314 : Robert Bruce donne à l’Écosse son indépendance en écrasant l’armée Anglaise à Bannockburn.
La 1° guerre d’indépendance de l’Écosse avait débuté en 1296, par l’invasion de l’Écosse par Édouard I°. Après une première défaite des écossais menés par Richard Wallace (Braveheart), la guerre reprend en 1306, sous forme de guérilla menée par Robert Bruce, couronné roi d’Écosse, après avoir éliminé ses rivaux. Edouard I°, revenu combattre la rébellion meurt de maladie sur la frontière écossaise en 1307. Son fils Edouard II faible de caractère et en proie à l’hostilité des barons du royaume, abandonne le combat. Ce n’est qu’en 1314, devant la menace de voir tomber la dernière place forte anglaise en terre d’Écosse, le château de Stirling, qu’Édouard II lève une armée pour venir au secours de la place assiégée et écraser la révolte. Robert Bruce n’a que 5 000 hommes à opposer à  la puissante armée Anglaise de 20 000 hommes. Il va choisir un terrain favorable, une hauteur sur la route de Stirling, bordée de marécages et piégée latéralement par de fossés dissimulés par des branchages. Face au seul passage restant à la cavalerie, il dispose en trois rangées ses « schiltrons » unités de piquiers armés de piques de 4 à 5 m de long constituant une barrière mortelle pour les chevaux et les cavaliers. L’affrontement va durer deux jours, les 23 et 24 juin au cours desquels les charges de cavalerie anglaises limitées à un front étroit viendront se briser sur la muraille de piques écossaise. Le reflux de la cavalerie anglaise sème le désordre dans les lignes d’archers et fantassins anglais qui seront alors culbutés par la réserve écossaise emmenée par Robert Bruce.
Cette éclatante victoire donne l’indépendance à l’Écosse pour 4 siècles ; le royaume d’Écosse ne sera  rattaché à l’Angleterre qu’en 1707, un siècle après l’avènement des Stuart. Le prochain référendum sur l’indépendance de l’Écosse aura lieu 7 siècles après cette bataille fondatrice, nul doute que les partisans du oui ne manqueront pas d’y faire référence
Les Français, alliés des Écossais à l’époque, auraient bien fait, au lieu de simplement s’en réjouir, d’analyser cette bataille qui préfigure leurs futures défaites de la guerre de 100 ans. En effet, les Anglais modifieront profondément leur tactique de combat après ce désastre et privilégieront la défense à pied bien retranchée et la puissance de destruction des longs arcs face aux charges de cavalerie, ce qui leur permettra d’affronter victorieusement la chevalerie française à Crécy, Poitiers et, surtout, Azincourt où le terrain et le scénario de la bataille rappellent singulièrement ceux de Bannockburn.
La célèbre « Marche des Soldats » de Robert Bruce, jouée à l’aube de la bataille de Bannockburn est devenue le « cantique » des soldats de tous les pays (sauf peut-être d’Angleterre…) ; sa ligne mélodique mélancolique évoque plus les héros qui vont périr que les défilés triomphants des vainqueurs.
https://www.youtube.com/watch?v=4r7uX8wjFWU